Fondation Gianadda : le British Museum s’invite

Du 28 février au 9 juin 2014, la Fondation Pierre Gianadda à Martigny accueille un peu de Londres chez elle. En collaboration avec le British Museum, elle présente l’exposition « La beauté du corps dans l’Antiquité grecque ». Le Discobole en terres valaisannes, ça n’arrive pas tous les jours.

Photo : Web

C’est en effet à Martigny, à la Fondation Pierre Gianadda, que l’on peut trouver, depuis vendredi passé, pas moins de 150 pièces maîtresses appartenant au British Museum de Londres. L’institution anglaise a spontanément proposée cette exposition à Léonard Gianadda il y a six ans de cela. Bien loin d’être des fonds de tiroirs, les pièces prêtées font en effet partie de la plus grande section du musée londonien – 24 salles sont en effet dédiées à la Rome et à la Grèce antique – dont l’intégralité des collections est constituée de plus de 7 millions d’objets couvrant la période de la préhistoire jusqu’à l’ère byzantine.

 Il aura fallu deux jours de voyage pour que Léonard Gianadda voit enfin être déballée l’oeuvre qu’il considère comme « La Joconde de l’Antiquité » : le Discobole. Il n’en revient pas. Après l’Espagne, le Mexique, le Japon et les Etats-Unis, au tour de la Suisse, et plus précisément du Valais, de devenir l’hôte pour quelques mois de cette copie romaine réalisée au iie s. apr. J.-C. Le marbre a remplacé le bronze original, aujourd’hui perdu, sculpté par le Grec Myro au Ve av. J.-C. Elle n’est cependant pas la seule richesse archéologique de l’exposition. « Le Beau dans le corps masculin » sera aussi à découvrir dans le Diadumène, réplique d’un bronze original perdu fondu vers 440 av. J.-C. par Polyclète d’Argos.

C’est au travers de dix thèmes que le visiteur plongera dans l’esthétique du corps. La naissance, le sport, le désir, l’amour, le mariage, la mort, au féminin et au masculin, remémoreront la perfection des proportions helléniques. Certes, la représentation de la forme humaine dans l’art grec ancien est le thème de cette exposition mais le corps et l’intérêt qu’il suscite sont toujours d’actualité.

Il est vrai que la société n’a jamais cessé de le marquer aux fers rouges. En 2014, son empreinte diffère de celle de l’Antiquité, dans la forme peut-être, mais la finalité reste inchangée. Entre maîtrise et perfection, obéissance et dépassement, le corps s’est réifié, on n’y porte plus grande attention, si ce n’est par hypocrisie. Seul réconfort : une once de dignité retrouvée dans la métaphore mécaniste que lui attribue le domaine scientifique, sinon il est bon à rien. Déconstruit pour être mieux supprimé, il est fait de contradictions.

Alors serait-il judicieux de se rendre à la Fondation l’esprit éveillé, prêt pour une remise en question. Le début du second millénaire n’aura pas su apprécier le corps à sa juste valeur, peut-être s’achèvera-t-il en faisant se rencontrer à nouveau, comme dans l’Antiquité grecque, l’homme et son corps, devenus aujourd’hui deux étrangers.

C.

Site de la Fondation Pierre Gianadda : http://www.gianadda.ch/wq_pages/fr/expositions/

Reportage de Canal 9 dans le cadre de l’émission « Marmelade » : http://www.canal9.ch/television-valaisanne/emissions/l-info-en-continu/26-02-2014/l-installation-de-la-nouvelle-exposition-de-la-fondation-gianadda.html

Pour aller plus loin dans l’étude du corps : LE BRETON David, « Anthropologie du corps et modernité » (1990) et « L’Adieu au corps » (1999).

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *