Huit entreprises se battent cette année pour le « Prix de la Honte » décerné par le Public Eye Award, un prix dont le but est de mettre en lumière les activités jugées irresponsables des organisations.
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S’il est connu que tout consommateur a une influence, celle-ci est parfois tellement diluée que des actions citoyennes et individuelles (comme par exemple décider de ne plus acheter une marque en particulier) semblent inutiles. Parfois même décourageantes… Le Public Eye Award, organisé par la Déclaration de Berne et Greenpeace Suisse, permet aux citoyens d’agir en votant pour la pire entreprise de l’année.
« Le but d’un tel prix est de mettre en lumière les activités que les entreprises préfèrent cacher », explique Mathias Schlegel, porte-parole du Public Eye Award. Les organisations qui mènent des campagnes contre ces entreprises peuvent les dénoncer. « Nous leur servons de porte-voix », renchérit-il.
Chaque année, entre 30 et 40 entreprises sont soumises au jury qui en choisit huit, jugées particulièrement irresponsables en matière de droits humains et d’environnement. Parmi les nominés de cette année on note : l’entreprise d’état Sud-africaine Eskom active dans l’énergie, dont le courant est à 90% produit à partir de centrales à charbon, la FIFA qui a déplacé de force des centaines de milliers de personnes des 12 villes qui accueilleront des matches de la Coupe du Monde 2014, les privant de leurs moyens d’existence, la société GAP qui sous-traite la production de ses vêtements au Bangladesh et qui refuse de modifier sa politique d’entreprise, alors même que de nombreuses autres entreprises l’ont fait suite à l’effondrement du Rana Plaza en avril 2013 tuant plus de 1100 ouvriers, Gazprom pour ses activités d’extraction pétrolière en Arctique (la société refuse de rendre public son plan d’intervention en cas de catastrophe), le géant du secteur des matières premières minières, Glencore Xstrata, peu soucieux des conséquences environnementales de ses exploitations et des droits humains (« les pollutions du sol et des eaux, les déplacements forcés de population, les intimidations et la corruption font partie du quotidien de l’entreprise », selon le Public Eye Award), la banque HSBC qui travaille avec des entreprises du secteur de l’huile de palme, dont Sime Darby et Wilmar International, sans tenir compte de leur non-respect des droits humaines notamment à travers l’accaparement illégal des terres et l’expulsion des habitants, l’entreprise norvégienne leader en élevage de saumons Marine Harvest (« au Chili, elle profite de la faiblesse du cadre juridique pour imposer une politique d’entreprise irresponsable qui détruit l’environnement et met en péril la santé de ses employés et des communautés locales », selon le Public Eye Award) et finalement Syngenta, Bayer et BASF qui produisent des pesticides responsables de la disparition des abeilles et insectes pollinisateurs.
Chaque année, deux prix sont décernés ; le prix du public, résultant des votes émis depuis le mois de novembre par les citoyens sur le site internet du Public Eye Award, et le prix du jury. Ce dernier est attribué par un jury composé de deux membres de chacune des organisations organisatrices et de membres indépendants, issus de différents milieux et pays, choisis par les premiers. Parmi eux figurent notamment des experts de la faculté d’éthique économique de l’Université de St-Gall.
« Les répercussions sont surtout en terme d’image. » affirme Mathieu Schlegel. Suite à une telle médiatisation de leurs activités peu responsables il arrive que les entreprises renoncent à certains projets. « Cela a été le cas par exemple pour les Forces Motrices Bernoises, nominées en 2009, qui ont par la suite réévalué leur projet, atteste le porte-parole. En 2012, le barrage de Belo Monte, au Brésil, a été suspendu notamment grâce à cette campagne. Mais le principal effet est que les clients des entreprises réagissent ». Parfois, cela suffit déjà simplement à soutenir les campagnes sur place lorsque toutes négociations sont refusées…
Et vous pour qui votez-vous ? Rendez-vous le 23 janvier 2014 afin de découvrir la pire entreprise de l’année !
S.H.