Left Foot, Right Foot

Dernière réalisation du lausannois Germinal Roaux, le film « Left Foot, Right Foot » est une fable dédiée aux amours adolescentes et aux grands maux de notre époque. Consacré à Namur et à Palm Springs, le long-métrage a été présenté le dimanche 26 janvier au 49èmes journées du film de Soleure.

Photo : Web

Du 23 au 30 janvier dernier, se déroulaient les 49èmes journées de Soleure au cœur de la ville éponyme. Dédiées au cinéma suisse, ce sont plus d’une centaine de films, courts-métrages et documentaires qui ont étés projetés dans neuf salles éparpillées dans la vieille ville de Soleure. Au sein de cette sélection se trouvait le film Left Foot, Right Foot, premier long métrage du réalisateur Lausannois Germinal Roaux.

Avec ce long-métrage, le cinéaste n’en est pas à son coup d’essai. Après des études en option photographie, Germinal Roaux débute comme free-lance en fournissant notamment des reportages photos pour L’Hebdo ou L’illustré. Récompensé pour une série de clichés sur le thème de l’autisme, G. Roaux reçoit le Premier prix Suva des médias en 2000. Le réalisateur présente son premier court métrage trois ans plus tard, Des tas de choses traite de l’insertion des handicapés mentaux dans la société et est gratifié d’un accueil positif. La première consécration arrive en 2007 avec la sortie de son deuxième court-métrage Icebergs qui remporte le Prix du Meilleur Espoir au festival de Locarno et le prix de la relève Suissimage au festival de Soleure. Tout en poursuivant son travail photographique et en réalisant quelques clips vidéo (notamment pour la chanteuse Bâloise Anna Aaron), G. Roaux met en place son projet de long-métrage. C’est en août 2013 que sort Left Foot, Right Foot qui reçoit, en octobre de la même année, le Bayard d’or du festival du film francophone de Namur et, en janvier 2014, la mention spéciale du jury du festival international de Palm Springs. De belles consécrations pour le cinéaste Suisse qui, tout juste de retour des Etats-Unis, venait déjà représenter son film lors du festival Soleurois.

Ce dimanche 26 janvier, c’est un réalisateur un peu intimidé devant la foule emplissant la Konzertsaal qui est venu introduire son film. Une introduction sobre, de quelques mots : « C’est un film qu’il faut regarder comme un poème » et en effet  Left Foot, Right Foot est une véritable fable. Une fable sur l’adolescence et ce passage obligé de l’insouciance aux responsabilités qui caractérisent la vie d’adulte mais aussi une fable sur la société et ses maux, sur la solitude et sur un amour un peu maladroit bouleversé par les aléas de l’existence. Marie et Vincent ont respectivement 18 et 21 ans, ils vivent ensemble et sont tous les deux sans formation survivant comme ils le peuvent de leurs maigres revenus. Vincent partage son temps libre entre le skate park et les activités avec son frère Mika, handicapé mental et muet. Marie, elle, rêve d’une vie aisée et de luxe. Sa rencontre avec Olivier, un riche patron de boîte de nuit, lui permettra de rendre ce rêve tangible et c’est en utilisant son attrait pour l’argent que ce dernier l’emmènera peu à peu sur la voie de la prostitution. Le film relate donc de l’évolution de ce jeune couple obligé de faire des choix qui les dépassent et perdus dans un monde qui semble trop dangereux. Marie devra faire face à ses décisions et les conséquences qui en découleront et Vincent quant à lui, perdu face à l’éloignement graduel de Marie, sera obligé de quitter définitivement l’adolescence et d’enfin chercher à atteindre une certaine stabilité.

Entre récit de vie et tableau de la société actuelle, Left Foot, Right Foot aborde des thèmes variés sans pourtant jamais se perdre. Les événements sonnent justes et sont criants de crédibilité, le film aurait facilement pu s’égarer au travers des multiples sujets qu’il aborde mais Germinal Roaux s’en sort avec brio en évitant habilement tout cliché et scénario facile. Le cinéaste porte un regard doux sur cette jeunesse un peu maladroite et perdue et observe, sans jamais les juger, ces adultes au sortir de l’adolescence à qui la vie semble soudain si difficile à appréhender. Plus que simplement l’histoire de Marie et Vincent c’est l’histoire d’une époque, d’une manière d’aimer et d’une manière de penser. C’est un film sur les maux actuels de notre société qui pousse à la surconsommation et de ce bonheur fictif que cette dernière transporte avec elle. C’est amener à réfléchir à cette banalisation des choses, tant tout devient facile d’accès et si rapidement surexposé.

Avec Left Foot, Right Foot Germinal Roaux réussit à attirer la lumière sur un cinéma Suisse qui manque cruellement d’exposition mais non pas de talent. Un film loin des clichés usuels qui, sans aucun doute balayera, s’il y en a, vos dernières hésitations quant aux productions helvétiques car même s’il est bon de s’ouvrir au monde, s’ouvrir sur soi-même peut également réserver de bien jolies surprises…

Left Foot, Right Foot de Germinal Roaux

Avec Agathe Schlencker, Nahuel Perez Biscayart, Dimitri Stapfer, Mathilde Bisson et Stanislas Merhar

Trailer : http://vimeo.com/75700739

http://www.germinalroaux.com

Em’s

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