Offshore leaks

Alors que les Etats sont endettés et font face à une grave  crise économique, ils voient certains de leurs citoyens les plus riches échapper au fisc. Les « Offshore Leaks » viennent confirmer les soupçons de méthodes bancaires hautement frauduleuses, et renforcer la lutte politique contre les paradis fiscaux.

Photo : Web

Les Offshore Leaks (qui signifie « fuites extraterritoriales ») sont une série de fuites d’informations concernant les paradis fiscaux ; elles regroupent des données relatives à la fraude fiscale et au blanchiment d’argent dans le monde. Ces données relèvent d’investigations menées par l’International Consortium of Investigative Journalists (ICIJ) basé à Washington, ayant collaborés avec 36 titres de presse internationales pendant plusieurs années.

Ces informations révèlent d’abord les noms de riches clients, dont des personnalités publiques, impliqués dans des fraudes fiscales, mais aussi le rôle des autres acteurs, comme les grandes banques et les Etats, également engagés dans l’activité de ces fuites fiscales. 130 personnalités –hommes politiques  entrepreneurs, artistes- sons incriminées, dont notamment le président du Zimbabwe, la fille du dictateur philippin ou la femme d’un ministre russe. Des établissements bancaires sont aussi reconnus d’aider activement les fraudeurs en employant des moyens illégaux, ou sinon très opaques, mais protégés par le secret bancaire.  Les offshore leaks dénoncent donc à la fois les individus pratiquant la fraude fiscale, que les banques, complices également.

L’affaire Cahuzac. Début décembre, Mediapart « accuse » le ministre du budget Jérôme Cahuzac d’avoir détenu un compte en Suisse, afin d’échapper au fisc français par la preuve d’un enregistrement datant de plus de 10 ans. L’annonce est un scandale, la scène politique s’enflamme, le ministre français dément ouvertement les informations devant l’assemblée et à la radio. Dans un contexte de crise, où les dirigeants tentent de regagner la confiance de leurs citoyens, l’affaire tombe très mal. Ainsi François Hollande déclare vouloir tout mettre en œuvre pour découvrir et sanctionner tous ceux qui auraient tenté d’échapper au fisc.  Le 22 mars 2013, la justice genevoise perquisitionne les locaux de la banque Reyl et Compagnie, pour obtenir de la documentation concernant Jérôme Cahuzac. La banque est d’ailleurs soupçonnée d’abriter plusieurs personnalités françaises. Se sentant acculé, Jérôme Cahuzac craque le 2 avril et revient sur ses propos, il admet avoir détourné de l’argent dans un compte en Suisse puis à Singapour. J. Cahuzac se manifeste alors comme celui qui incarne tout un système hypocrite.

Le problème des fuites fiscales interroge tout le système en place et se trouve au cœur d’une crise où les états endettés voient leur argent partir ailleurs. Les banques sont certes responsables de couvrir leur client, mais elles profitent aussi de la législation de leur pays, principalement sur le secret bancaire. Dès lors, on remonte à un niveau de droit international, les états lésés font pression sur les pays considérés comme des paradis fiscaux pour mener à bien leur justice ; la Suisse subit donc les pressions de divers pays, et en particulier celle des Etats-Unis, il semblerait que l’argument du secret bancaire ne soit plus acceptable face aux réalités intolérables qu’il cache.

Finalement, ce qui est également surprenant, c’est que la presse fasse le travail de la justice. C’est dire à quel point tout cela est opaque et montre le refus des états à s’attaquer ou du moins d’intervenir dans le secteur bancaire. La Suisse est au pied du mur face à la situation, le secret bancaire semble sur le point de mourir, en tout cas, il agonise, et je crois qu’il est déjà passé aux soins palliatifs.

JonS