La question de Belo Monte, au Brésil, illustre parfaitement le dilemme actuel auxquels se heurtent beaucoup de pays. Entre question environnementale et aspect financier, l’équilibre s’avère très lourd à trouver. Analyse.
C’est au Brésil, plus précisément sur le fleuve du Xingu, Etat du Parà que les travaux du barrage Belo Monte se sont paralysés, le mardi 14 août. La décision a été ordonnée par le tribunal de l’Etat du Parà après des controverses qui défraient la chronique depuis bien longtemps.
Au Brésil la majorité de l’énergie électrique est produite par les centrales hydroélectriques. En effet, une fois achevée (s’il l’est un jour), le barrage de Belo Monte aura coûté près de 13 milliards de dollars, et devrait produire à lui seul 11’233 méga watt soit 11% de la capacité électrique de tout le pays. Et pour ce faire, pas moins de 502 km carré devraient être inondés, ce qui affecterait le mode de vie de la population locale, les indigènes du Xingu, car ces derniers subsistent de la pêche. Ainsi Belo Monte deviendrai non seulement la plus grande construction du genre au Brésil, et la troisième mondiale.
L’histoire de ce barrage remonte à la fin des années 70 lorsqu’une première esquisse de projet a été réalisée. À l’époque les projets étaient encore plus ambitieux que l’actuel car ils auraient inondé une superficie plus grande et planifiaient la création de 2 usines. Pour minimiser les impacts environnementaux, une révision de ce projet a été réalisée dans les années 90. Entre 2000 et 2002 une nouvelle partie du projet a été étudiée. Finalement en 2005, le parlement brésilien a autorisé la construction du barrage de Belo Monte sous réserve d’études postérieures à l’autorisation du projet et non antérieures.
Depuis le début des oppositions des indigènes et des ingénieurs ont déjà étés tués. D’autres sont constamment menacés de mort. Les écologistes et académiciens défendent la cause des indigènes, à eux s’ajoutent des célébrités comme le réalisateur David Cameron, un bon moyen de diffusion pour la cause. Pour eux il n’est pas question de transformer la biodiversité la faune et la flore d’une région d’une façon si abrupte. Les indigènes, déjà si minoritaires, ne souhaitent pas se laisser faire encore une fois en abandonnant leurs terres, leurs maisons et leurs moyens de subsistance comme il fut le cas, il y a 500 ans lors de la colonisation du Brésil.
D’autre part, l’enjeu est de taille pour le pays aux dimensions continentales qui ne cesse de voir sa population augmenter, en arrivant presque aux 200 mil habitants. Le projet répondrait certes aux besoins énergétiques de la sixième économie mondiale, et augmenterait la création d’emplois.
Ces questions ne sont bien sûres pas simples à résoudre, elles sont au cœur de chaque débat aujourd’hui. Jusqu’où peuvent aller les limites de l’homme par ambition ? Quelle planète veut-il laisser à ses petits enfants ? Pour l’heure, au-delà de la paralysie des travaux le tribunal de l’Etat du Para a fixé une amende journalière de 250 mil dollars en cas de non-respect de sa décision.
Affaire à suivre dans les mois, voire les années qui suivent.
A.L.