L’idée est simple mais ingénieuse : Prendre un circuit imprimé emboité dans un tube blanc, une batterie au lithium, un filtre rempli d’un liquide et un atomiseur. Visser le tout ensemble puis commercialiser. On obtient ainsi : Smoke free, E-enjoy : Smoking everywhere, Te-Fumo. C’est sous de tels titres, que depuis environ deux ans, il est possible de trouver dans une majorité des pharmacies de Suisse, ces « e- Cigarettes » ou cigarettes électroniques.
Placées en devanture de magasin, les affiches publicitaires pour ces clopes-cyborgs promettent aux chalands 0% Nicotine, 0% Passive Smoke, et 100% Liberty. Le tout in English s’il vous plait.
Pourtant, l’envers de l’affiche offre une réalité plus nuancée. En effet, si émoustillé par l’idée d’une clope saine et désireux d’en connaître d’avantage sur cette cigarette aux promesses salvatrices, un curieux, pousse la porte d’une des pharmacies de la ville et passe la belle affiche, il risque d’avoir toute les peines du monde à trouver quelqu’un capable de lui expliquer comment fonctionne cet engin.
Expérience faite, sur six pharmacies- et leurs pharmacien(ne)s – visitées à Neuchatel, cinq ont été dans l’incapacité de fournir un quelconque renseignement sur la composition chimique du produit et se limitaient à répéter pieusement, comme toute indication, les trois phrases clés : « sans nicotine, pas de fumée passive, sans danger ». C’est ici un hiatus de taille lorsqu’on sait que L’Office Fédéral de la Santé Publique (OFSP) met en garde contre la possible toxicité de certains produits chimiques utilisés dans les filtres.
Bien entendu, la faute ne peut pas être imputée entièrement aux pharmacies, qui ne reçoivent eux-mêmes que peu de documentation de la part des fournisseurs, mais ceci soulève des premiers doutes quant à l’intégrité de se produit et de leurs fabricants. De fait, ces avatars de cigarettes sont le plus souvent manufacturés dans de petites usines en Chine qui ne sont pas soumises à des règles de sécurité très poussées.
D’ailleurs, en tentant de lire la notice d’utilisation, on ne peut que tiquer sur les nombreuses fautes d’orthographes, néologismes malheureux ou autres mots qui n’ont pas été traduits et, par la même occasion, remettre en doute les propriétés salvatrices de l’e-cigarette, suggérées sur les affiches publicitaires.
De plus, dans cette même notice, tout en soulignant l’inoffensivité de ce produit, le fabricant – bien conscient des risques potentiels, lui! – préconise d’en fumer moins que des cigarettes standards, déconseille son utilisation par des femmes enceintes et met en garde contre toute ingestion accidentelle du liquide chimique contenu dans le filtre. C’est ce dernier, justement, qui est dans le collimateur de l’OFSP, pour sa teneur en propylène glycol. Car, s’il est fréquemment utilisé dans le secteur alimentaire et est bien toléré par le système digestif, aucune étude n’a été menée pour vérifier qu’il en va de même si on l’inhale. Ce que l’on sait toutefois, c’est qu’il a un caractère irritant potentiel. Ces informations, étonnamment absentes de la notice fournie par le fabriquant, ne font qu’étayer les suspicions qu’on aurait déjà à l’égard de ces cigarettes robots.
L’OFSP recommande d’ailleurs une grande vigilance à l’encontre de ces dites cigarettes – notons au passage que les cartouches contenant de la nicotine sont strictement interdites de vente en Suisse. L’agence souligne encore qu’aucune étude n’a pu prouvé l’efficacité thérapeutique réelle de cette cigarette pour ceux désirant arrêter de fumer et que, bien que vendu en pharmacie, celle-ci n’est pas un médicament – Il est d’ailleurs possible d’en acheter dans certains kiosques.
Il semble dès lors limpide que ces cigarettes ne représentent pas une solution saine et sûre contre le tabagisme. Et quand bien même, cela semble être préférable d’utiliser ces e-cigarettes aux notices fumeuses plutôt que de s’encrasser les poumons avec des produits avérés nocifs (et même mortels) pour la santé, d’autres solutions, telles que l’acupuncture, l’hypno-thérapie ou encore le livre la méthode simple pour en finir avec la cigarette par Alen Carr, sont autant de moyens qui ont permis à de nombreuses personnes d’abandonner la cigarette, quelle soit en papier ou en plastique.
BatAu