HOCKEY SUR GLACE – Du 24 avril au 10 mai ont eu lieu les Championnats du Monde de hockey sur glace à Berne et Kloten. Cela aurait été un sacrilège pour tout fan de hockey qui se respecte de ne pas être de la fête. Retour sur un quart de finale époustouflant entre la Suède et la République Tchèque.
Neuchâtel, jeudi 7 mai 2009, 17h00. Il est l’heure d’aller prendre le train direction Berne. Cela fait des mois que l’IIHF a annoncé son choix d’attribuer les Championnats du Monde 2009 à la Suisse. Et c’est maintenant que ça se passe! Dommage que les billets pour la finale se soient envolés aussi rapidement. Mais enfin: un quart de finale, c’est pas mal non plus, non?
Arrivée: 18h30 à la gare de Berne. Il ne manque plus désormais qu’à se diriger vers la Postfinance Arena (sponsoring quand tu nous tient…). Pas de problème au niveau de l’orientation: tout est parfaitement indiqué, du tram qu’il faut prendre à l’arrêt où il faut descendre. Et pour ceux qui auraient encore des doutes, il suffit de suivre les maillots rouge-bleu-blanc ou bleu-jaune.
A l’arrêt Guisandplatz (« Endstation » nous dit-on dans les hauts-parleurs), impossible de manquer l’énorme et splendide bâtiment qu’est la patinoire de CP Berne. Il faut ensuite montrer patte blanche pour pouvoir pénétrer dans l’enceinte de la patinoire. Impossible d’y importer une bouteille PET, qu’un sécuritas nous demande plus ou moins gentiment de laisser dans une poubelle. Mesures de sécurité obligent. A moins que ce ne soit pour pouvoir nous vendre les mêmes produits 3 fois plus chers à l’intérieur…
Après un petit tour dans la fan zone où se sont installés pléthore de stands de restauration et de « souvenirs », il est temps de rentrer dans la patinoire même. Relativement vide à une heure du coup d’envoi… Pratique pour faire le tour du propriétaire, rencontrer quelques sympathiques fans tchèques et voir la coupe du futur vainqueur de la finale suspendue au-dessus du rond central.
45 minutes avant le coup d’envoi, la coupe est remontée sous le panneau d’affichage: les joueurs suédois, suivis de près par les hockeyeurs tchèques, entrent sur la glace pour l’échauffement. La star tchèque Jaromir Jagr s’élance en toute décontraction à côté de ses coéquipiers. Le géant (1m91, 111 kg) de 37 ans force le respect, avec près de 1300 match de NHL (National Hockey League, meilleure ligue du monde comprenant des équipes canadiennes et américaines) au compteur. La liste des hauts faits de ce joueur aux mains d’or ne s’arrête pas là: vainqueur de la Coupe Stanley avec Pittsburg en 1991 et 1992 (remise à l’équipe remportant les play-offs de NHL), honoré entre autres par les trophés Art Ross (meilleur pointeur de la NHL) et Hart (joueur le plus utile à son équipe en NHL selon l’avis de ses pairs) , champion olympique à Nagano en 1998, champion du monde (ainsi que triple médaillé de bronze)… Des statistiques qui laisse admiratif. Quelle chance de pouvoir observer un tel virtuose du hockey de si près! Et ce même s’il n’a pas livré ses meilleures prestations lors de ce tournoi mondial… On en oublierait presque la présence de Patrik Elias, Tomas Plekanec, Ales Hemsky, Johnny Oduya, Kristian Huselius, Mattias Weinhandl, Kenny Jönsson… On pourrait tous les citer! En seulement quelques minutes d’échauffement, on peut déjà s’apercevoir que le patinage, la puissance et la précision des tirs sont d’un autre niveau que ce dont on a l’habitude de voir en Suisse. Et pourtant: tout a l’air tellement simple lorsqu’on observe ces sportifs de très haut niveau… Un niveau tellement haut que même les responsables matériels des équipes ont aligné les crosses de certains joueurs le long de la bande pour qu’ils puissent toutes les tester avant le match sans avoir à sortir de la glace.. Un artiste a ses petites habitudes…
Après 20 minutes d’échauffement, les joueurs rentrent se changer aux vestiaires. Pendant ce temps, les buts aussi sont remplacés par des « cages » reluisantes équipées d’une caméra. Les trous servant à fixer les buts dans la glace sont même faits manuellement (pas à la perceuse électrique): même la glace est chouchoutée. La glace est ripolinée par deux (excusé du peu) surfaceuses, tout aussi brillantes. Les bandes estampées du logo des différents sponsors sont presque éclatante. Les plexiglas ont quasiment du être lavé une heure avant notre arrivée. Même les maillots, les cannes, les casques et les patins des joueurs revenus sur la glace sont trop propres pour être vrais. C’est qu’un Championnat du Monde a un standing (télévisuel notamment, sans parler des désidératas des sponsors) à tenir, que voulez-vous…
A 20h15 pile, le coup d’envoi est donné. Dès les premiers coups de lame, on voit des Suédois supérieurs aux Tchèques dans presque tous les compartiments de jeu: plus rapides, plus solides défensivement, plus puissants physiquement: même le vieillissant Jagr est dépassé. Cette domination nordique pousse les joueurs de l’Est à commettre des fautes qui leur valent des pénalités. Cela met du temps à se traduire au score: il faut en effet attendre la seconde période pour voir les Suédois marquer deux goals en power-play par Weinhandl et Tärnström. Le match semble plier tant la maîtrise des Suédois semble inébranlable. Mais c’est sans compter sur le sursaut d’orgueil des Tchèques matérialisé par un magnifique contre de Rolinek et Cajanek, qui s’en va marquer le 2-1 alors que son équipe évoluait à 3 contre 5… Quelle vitesse! Mais les Nordiques resserrent alors plus le jeumarquant même le but de la sécurité à la 58ème minute grâce à un magnifique tir du poignet de la ligne bleu du capitaine Mattias Jönsson (pour une fois à 5 contre 5, les arbitres plutôt tatillons ayant distribué ni plus ni moins que 11 pénalités à chaque équipe dans un match pourtant correcte…). Les Tchèques n’y croient plus et ne prennent même pas la peine de sortir leur gardien dans la dernière minute du match, pour un dernier baroud d’honneur.
Jagr, particulièrement transparent ce soir-là, n’aura pas réussi à faire basculé le match à lui tout seul. Il reçoit néanmoins la récompense de meilleur joueur de son équipe sur l’ensemble du tournoi, désormais fini pour lui et son équipe. Pas sûr que ce soit suffisant pour le consoler. Le meilleur joueur tchèque du match, Patrik Elias, n’aura lui non plus pas été transcendant mais aura beaucoup patiné et tiré. En face, le gardien Gustaffson mérite sa récompense: il a su se montrer décisif lorsque la République Tchèque s’est réveillée dans le troisième tiers.
L’hymne nationale suédois retentit dans un grand moment solennel, accentuant encore la victoire des joueurs nordiques. Une dernière poignée de main entre les joueurs et les deux équipes rentrent aux vestiaires. Mais les patineurs de l’Est ne manquent pas de venir saluer leurs supporters, plus bruyants que leurs homologues suédois. Le capitaine Zidlicky va même jusqu’à donner sa crosse à un fan, qui aura un bon souvenir de ce Championnat du Monde. Peut-être le plus beau geste de la soirée. C’était peut-être à cause de cette crosse qu’il n’a pas réussi à marquer? Qui sait…
Thomas Nussbaum