L’économie mondiale marchait sur un fil. Elle a glissé et tente maintenant de se rattraper avec une jolie cabriole à coup de milliards. Mais où sont donc les applaudissements du public ébahi ? En réalité, ce dernier est plutôt abasourdi de voir les moyens mis en œuvre pour sauver les établissements bancaires équilibristes qui se retrouvent avec des matelas rempli de billets verts pour amortir leur chute.
Savoir qu’il y a une crise financière, c’est bien. Comprendre pourquoi il y a une crise financière, c’est mieux. Oui mais tout le monde n’a pas fait HEC et ne se sent pas forcément à l’aise avec le monde compliqué de l’économie. Nous essaierons donc de comprendre les rouages de cette crise, sans rentrer dans des détails inutilement compliqués et rébarbatifs.
Il était donc une fois, un pays qui avait grande foi en son économie : les Etats-Unis d’Amérique. Des établissements de prêts ont concoctés des nouveaux types de crédit, les fameux subprimes. Ils étaient destinés à des ménages voulant faire l’acquisition d’un bien immobilier, mais qui n’avait ni une part de fonds personnels suffisant pour obtenir un crédit normal, ni des salaires assez élevés pour rembourser les traites d’un crédit classique. La particularité de ces subprimes se trouve dans le fait que la maison achetée par l’emprunteur est une garantie de remboursement pour l’établissement de prêt. En effet, les Etats-Unis avait alors un marché immobilier en constante progression depuis plusieurs années. De ce fait, si l’emprunteur ne pouvait plus rembourser son crédit, il suffisait aux établissements de prêt de mettre la maison en vente pour récupérer leur argent, car elle avait prix de la valeur ! De plus, la banque fédérale américaine, qui fixe notamment les taux d’intérêts directeurs, (FED) avait mené une politique de taux très bas, permettant à encore plus de ménages de bénéficier de ces fameux prêts. C’est ingénieux, n’est-ce pas ? Et c’est ainsi que les USA ont soutenus leur croissance, mais au prix d’un endettement significatif de la classe moyenne.
C’est alors que deux facteurs vont perturber cette belle logique. Premièrement, la FED a peu à peu augmenté ses taux directeurs (de 1% à 5%), pour répondre à l’inflation dans le pays. Malheureusement, beaucoup de ménages n’ont pas pu tenir le coup et se sont retrouvés incapable de rembourser leur crédit. Deuxièmement, la progression du marché immobilier s’est arrêtée et a commencé à chuter, faisant perdre leur valeur aux bien immobiliers. Vous l’aurez compris, les établissements de prêt ont expulsé de plus en plus de gens pour vendre leur maison, sans récupérer entièrement leur argent. A ce moment, il est logique de voir ces établissements en difficulté. Alors comment le problème s’est-il généralisé ? La réponse tient en un mot : la titrisation. En résumé, ces crédits subprimes ont été transformées en obligations que des investisseurs peuvent acheter et revendre (en spéculant sur une prise de valeur du titre). Les investisseurs pouvaient espérer de beaux profits, alors tout le monde s’y est mis. De nombreuses banques, UBS notamment, ont acquis ces titres, à travers des fonds d’investissements ou des banques d’affaire. Le système s’est emballé et s’est effondré. Tout le monde a voulu se débarasser de ces obligations, sans y parvenir. Dans le monde financier, la confiance était brisée. Certaines banques se sont retrouvées en manque de liquidités. Normalement, les autres banques s’arrangent pour prêter de l’argent à court terme à celle qui en a besoin, mais en temps de crise, elles font preuve d’une extrême méfiance et refusent d’accorder ces prêts interbancaires. C’est comme cela que la banque Lehman Brothers a fait faillite. Elle a perdu beaucoup d’argent sur ses subprimes titrisées, sa valeur boursière a dégringolé, personne n’a voulu lui prêter d’argent ou la reprendre car il était difficile d’évaluer à quel point ses actifs (ce que la banque a) était contaminés par ces titres douteux dont plus personne ne voulait.
A l’heure actuelle, la doctrine semble être « libéral dans les profits, socialiste dans les pertes ». En effet, la plupart des pays réinjecte des milliards dans leurs établissements bancaires. Il est regrettable de voir que ces sommes faramineuses ne concernent que ces grandes entreprises, qui sont d’ailleurs responsables de la crise ! Evidemment, il serait dangereux de les laisser se débrouiller seules, car leur importance dans notre économie est prépondérante. Toutefois, il semblerait que tout ces milliards n’arrosent que les grands chênes de l’économie en oubliant les petites pousses qui crèvent de soif et perdent leur maison. Des actions mieux ciblées, au niveau des particuliers, auraient été les bienvenues.
Espérons que nos économistes sauront tirer les leçons nécessaires de cette crise qui continue à faire des ravages. Il semble désormais clair que notre économie a besoin d’une refonte ou de limites claires pour fonctionner correctement et minimiser les risques de ce genre. Quant à savoir comment la situation va évoluer, il est imprudent de se lancer dans des spéculations (sic) de ce genre en sachant que de nombreux économistes pensaient que la crise ne prendrait pas une telle ampleur.
Marc-Antoine Grognuz