Épreuve orale à l’école pour neuf candidats vaudois

Huit heures du matin, un lundi du début du mois d’octobre. Nous sommes au foyer de Beausobre à Morges et dans une demi-heure, cet endroit encore relativement calme se remplira de quelques 300 gymnasiens de troisième année venus écouter neuf politiciens vaudois débattre de différentes thématiques. Mais avant toute chose, ceux-ci se retrouvent pour une séance café-croissants. « Adieu Roger, comment vas-tu ? ».  Cette familiarité entre politiciens, les voir assis de façon dispersée ensemble à ces petites tables de café a quelque chose d’insolite. Nous ne sommes tout de même pas habitués à voir ces personnages autrement que dans la configuration dichotomique et binaire proposée par les médias. Mais l’heure avance, il est temps pour tout le monde de remettre son costume de politicien et voilà nos neufs candidats assis bravement en rang, logiquement disposés de la toute gauche à la toute droite. Janick Marina Schaufelbuehl (CHECK) (Solidarités), Marianne Huguenin (POP), Luc Recordon (Les Verts), Roger Nordmann (PS), Jacques Neyrinck (PDC), Isabelle Chevalley (Ecologie Libérale), Isabelle Moret (PRD), Claude Ruey (Parti Libéral) et enfin Guy Parlemin (UDC) sont prêts à débattre autour de cinq thèmes sur la base des questions posées par les élèves.

Tous commencent par se présenter brièvement. Intéressant : le langage est simplifié, les explications relatives aux aspirations des partis se font  de façon assez didactique. Tous veulent rappeler qu’ils ont été jeunes un jour par un petit commentaire, semblant vouloir créer un lien avec le public. « Ce que j’ai le plus appris au gymnase, c’est la physique et l’allemand, indispensable à Berne », explique Roger Nordmann. « Je suis entré en politique, j’avais votre âge », raconte Luc Recordon. « J’ai une formation d’agriculteur-viticulteur. J’ai très vite su que je n’irais pas à l’uni : c’était pas mon truc. », raconte Guy Parmelin. Le seul à jouer la carte contraire  – avec succès d’ailleurs puisqu’il fait rire l’auditoire à plusieurs reprises- c’est Jacques Neyrinck : « Je suis le plus âgé parmi mes collègues, mais ne vous inquiétez, je vais immédiatement me justifier pour cela. Je suis belge d’origine, ce qui en soi est déjà scandaleux, ayant été naturalisé tardivement, je ne suis entré en politique qu’en 1999. »

Et le débat de commencer. On parle écologie, formation ou encore politique sociale. Les politiciens jouent le jeu. Chaque extrémité de table exprime par des mimiques son désaccord lorsque l’autre bout de table parle. Tous s’animent, voudraient ajouter « une dernière chose », ravis et peu habitués d’avoir un auditoire si important. « C’est que ça change des réunions de partis où dix pelés viennent vous écouter », explique en aparté l’un d’eux. Le ton est plus léger que dans un autre contexte, on se permet d’oublier quelques formalités : « Claude Ruey, s’il-te-plaît ! arrête de raconter n’importe quoi ! » s’exclame à un moment Roger Nordmann pour le plus grand plaisir de tous.

Un mois plus tard, les jeux sont presque faits. Certains candidats ont été élus, Marianne Huguenin s’est désistée, quelques politiciens ne savent pas encore dans laquelle des deux chambres ils siègeront. Qu’en est-il des élèves ? Sur le moment, ils se sont dits satisfaits du débat, même si « on sent qu’ils sont en campagne malgré tout », explique Rosalie, 18 ans. Et d’ajouter : « Le gymnase, c’est un peu le dernier moment pour apprendre comment fonctionne la politique suisse qui est difficile, parfois effrayante ». Tous les élèves interrogés ont affirmé vouloir voter. Gaétan, 18 ans, nous confie même ses intentions : « Je voterai pour six UDC, parce que je partage leurs idées sur les étrangers, six socialistes parce qu’ils s’intéressent à la situation des étudiants et six candidats d’écologie libérale parce que c’est un nouveau parti et qu’il faut lui donner sa chance. » Le pari lancé par les enseignants d’histoire du gymnase de Morges semble avoir fonctionné : les élèves ont été sensibilisés et se sont découverts des préférences politiques en s’appropriant des thèmes politiques difficilement abordables de prime abord.
D.S.

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