Le parcours du combattant, logement d’étudiant :

Aujourd’hui plus que jamais, concrétiser un bail pour un étudiant relève d’une force mentale accrue…
Zoé Decker

À lire les journaux et à entendre les déclarations de certains responsables politiques, il semble bien que la crise du logement revienne périodiquement frapper comme l’anticyclone des Açores amène le beau temps en été. Ce discours qui assimile un fait social à un phénomène naturel sert évidemment à dissimuler les responsabilités de ceux qui créent la crise pour assurer leur profit personnel. Les mécanismes de la spéculation immobilière ont été beaucoup décrits dans les années 80, notamment dans le sillage du mouvement squat ; nous n’y reviendrons pas ici. La spéculation n’est en réalité que la partie la plus révoltante des pratiques qui structurent le marché immobilier.

Aujourd’hui, dans sa recherche d’un logement, l’étudiant(e) suisse est confronté(e) à bien des difficultés et des barrières.
Après un long silence statistique, l’OFS (l’Office Fédérale de la Statistique) s’est enfin penché sur la situation sociale des étudiant(e)s. Ces chiffres nous apprennent que le loyer est la dépense la plus lourde sur leurs budgets concernant ceux qui ont quitte´ le cocon familial.

L’étudiant est donc le premier affecté par la crise du logement. En effet, les ressources financières des jeunes en formation ne leur permettent pas de remplir les conditions d’accès au logement. L’étudiant doit verser une caution, qu’il n’a en général pas et mis encore en concurrence avec d’autres locataires potentiels et parfois salariés. Il doit souvent demander à un proche de se porter garant pour lui/elle auprès de la gérance, voire de prendre le bail à son nom.
De plus, alors que le système de Bologne, nouvellement entré en vigueur, cherche à favoriser la mobilité des étudiant(e)s, voire la revendique comme une amélioration du système de formation. Les jeunes provenant d’autres cantons ou de l’étranger sont défavorisés car ils ne peuvent pas produire les garanties nécessaires de solvabilité.
À cela s’ajoute le fait que le marché du travail a beaucoup évolué ces dernières années. De plus en plus, les étudiants se voient proposer des stages, plutôt que des emplois stables, à leur sortie de l’Université. «Une manière pour l’employeur de «tester» ses nouveaux employés», constate Marc Worek d’Uni Emploi. Parfois, ces stages ne sont pas payés.
Selon la CUAE (Le Centre Universitaire d’Aide aux Entreprises), qui s’est abondamment penchée sur la question du logement des étudiants depuis 2002, “La source de profits constituée par les marchés financiers semble être pleine de risques depuis au moins cinq ans. Dans ce contexte, les investisseurs mettent à l’abri une partie de leurs capitaux et l’immobilier est le marché rêvé pour qui veut s’assurer une rente à vie : chacun a besoin d’un toit et la structure de la demande dépend très peu de celle de l’offre.“
En d’autres termes, pour peu qu’on lui fasse croire qu’il n’y a plus de logements libres, le locataire est prêt à accepter à peu près n’importe quelles conditions pour se loger. S’il en a les moyens, il acceptera des augmentations de loyers ; s’il n’en a pas, il vivra à trois dans un deux pièces ou acceptera de faire duex heures de trajet pour se rendre à son travail.

Il est grand temps d’améliorer la situation générale des jeunes en formation. Dans cette perspective, il est nécessaire de mettre en place des politiques de logement qui puisse répondre à cette volonté.
Dans certaines villes de suisse romande, des actions sont engagées dans ce sens. À Genève en août 2006, l’Etat a prévu une extension de la Cité Universitaire en permettant la construction d’un bâtiment de logements pour étudiants d’une hauteur de six niveaux sur rez-de-chaussée, comprenant 240 chambres. Dans un contexte de pénurie de logements pour étudiants -manque d’environ 1’000 logements pour l’Université-, ce plan localisé de quartier vise une extension de la Cité universitaire afin de constituer une opportunité de résorber le déficit.
Dans le canton de Neuchâtel, la Fédération des Etudiants Neuchâtelois (FEN), ayant repris la gestion d’un immeuble pour y loger des étudiants de l’université de Neuchâtel, a permis que les loyers soient fixés à 320 fr. pour une chambre dépendante avec ménage une fois par semaine.
Ainsi, une fédération d’étudiants a pu fournir des loyers 35% moins cher que les prix du marché libre.
Le problème semble avoir été perçu, mais les difficultés pour l’étudiant de trouver un logis persistent encore. Il est donc important que les autorités s’attardent à discuter des politiques de logement pour les étudiants et jeunes en formation.
Z.D.

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