Eclairage

Kingdom of Heaven

De Ridley Scott. USA – Espagne. 2h25. Avec Orlando Bloom (Balian), Ghassan Massoud (Saladin), Eva Green (Sybille), Jeremy Irons (Tiberias), Liam Neeson (Godefroy),…


Alors qu’il vient de perdre sa femme, le jeune Balian retrouve son père qu’il n’a jamais connu. Ce dernier, chevalier croisé, lui propose de partir à la découverte de Jérusalem en Terre Sainte. Mais là-bas, Balian se rendra vite compte que la paix entre musulmans et chrétiens ne tient qu’à un fil que certains chevaliers Templiers voudraient voir se rompre le plus vite possible…

En réalisant Gladiator il y a cinq ans, Ridley Scott redonnait brillamment vie à un genre tombé en désuétude : le film d’époque. Il rencontra alors un succès public et critique phénoménal et justifié. Son Kingdom of Heaven risque malheureusement de ne pas marquer aussi durablement les esprits que ne l’a fait son péplum. Pourtant, en s’attaquant à un sujet aussi fascinant que les Croisades, Scott avait indéniablement matière à faire un grand film. En situant l’histoire dans un contexte politique tendu, le réalisateur anglais avait la possibilité de traiter une multitude de thèmes. Mais il passe à côté de questions essentielles et plombe son scénario d’intrigues sans véritable intérêt.  Par exemple, la situation particulière de Jérusalem, où se côtoient musulmans et chrétiens, aurait mérité un meilleur traitement, alors que l’idylle entre Balian et Sybille (la femme du méchant !) n’est absolument pas justifiée, si ce n’est pour ajouter un côté romantique au film. Scott donne trop d’importance à des éléments qui entrent en conflit avec la volonté d’authenticité historique du film. Et c’est là sans doute l’un des problèmes principal de Kingdom of Heaven.

L’autre erreur du film concerne le personnage principal. Le caractère de Balian frappe par son inadéquation avec la situation dans laquelle il se trouve. Lisse, naïf et pourvu d’un idéalisme gnangnan, il se retrouve constamment en décalage par rapport aux événements qui se présentent à lui. Est-ce la faute des scénaristes d’avoir voulu faire de Balian un héros au profil trop hollywoodien ? Peut-être. Mais la véritable raison est sans doute à chercher du côté de son interprète. Impeccable en elfe tueur d’orcs, Orlando Bloom n’a malheureusement pas les épaules assez larges pour porter seul le poids de tout un film, malgré une bonne volonté perceptible. Incarnant un personnage hanté par la mort de sa femme, Bloom ne parvient à aucun moment à transmettre les troubles et les doutes qui l’habitent. Les scènes dramatiques accusent donc toutes un cruel manque d’émotion. Il en va malheureusement de même pour les scènes de combat. Bloom n’a ni le charisme ni la carrure pour incarner un chevalier héroïque. Il aurait sans doute fallu à Kingdom of Heaven un héros de la trempe de Maximus, personnage blessé et volontaire interprété à merveille par Russel Crowe dans Gladiator.

Le principal aspect positif de ce Kingdom of Heaven réside dans la manière dont sont abordés les musulmans. Scott montre en effet les musulmans sous un angle extrêmement intéressant. Pacifique, diplomate et animé par le seul désir de servir son peuple, Saladin, le roi musulman, incarne l’exact opposé des préjugés que se font beaucoup d’occidentaux sur la religion islamique. Même s’il ne défend pas la thèse d’une cohabitation possible entre religions, Scott évite de tomber dans le manichéisme primitif qui règne de nos jours. Loin d’être réussi donc, son film a toutefois le mérite d’être porteur d’un message de tolérance plutôt sympathique. 
Didier Nieto

Musique

Joshua Redmann fait vibrer son public

Samedi 30 avril, lors du festival Jazznojazz de Zürich, s’est déroulé le concert de Joshua Redman Elastic Band. Sa prestation était précédée de deux concerts gratuits dont celui de Josh Roseman Unit, un tromboniste accompagné d’un batteur, d’un guitariste et de deux synthétiseurs. Ils ont proposé au public un jazz funky mélangé à des sonorités électro. Après ce petit avant goût de jazz au niveau déjà assez élevé, tout le monde languissait de savourer la suite.

A 23h30, Joshua Redman  Elastic Band débute enfin son concert : c’est l’émotion ! La formation est composée de Joshua Redmann au saxophone, Sam Yahel au synthé, Jeffrey Parker à la guitare et Jeff Ballard à la batterie. Leur premier morceau annonce la couleur : c’est très bon, ça swing ! Mais un petit problème technique sème l’inquiétude : les aigus du synthé sont trop puissants. Cet incident se règle vite quoique le son sera un poil trop fort durant tout le concert, ce qui expliquerait que certains spectateurs soient partis avant la fin. Durant les 1h30 de concert s’alternent des sons bien groovy et pleins de punch qui font penser au jazz fusion des années 60 et d’autre, plus suaves et plus sensuels. Nous avons même eu droit à un petit passage de jazz expérimental, qui n’a certainement laissé personne indifférent. Entre chaque morceau, Joshua Redman dit quelques mots et on le sent quelque peu intimidé. Il est impossible de détourner son regard de cet artiste qui maîtrise totalement son art. Son saxophone est comme une excroissance naturelle qu’il a depuis toujours. Il fait chanter son instrument. Pour quelques titres, il le délaisse pour une clarinette, qu’il use avec autant de virtuosité. Son niveau technique et celui des autres musiciens est hallucinant ! Mais ça ne suffirait pas à transporter le public s’il n’y avait pas cette musicalité, cette harmonie qu’il transmet en jouant. La fin arrive. Applaudissements sans relâche…le public en veut encore. Le groupe revient sur scène et joue un ultime morceau. Re-applaudissements. Les lumières s’allument : pas de second rappel.
Bref, ce concert fut un véritable orgasme pour mes oreille et si vous en avez l’occasion, faites en profiter les vôtres.
Anicia Eggimann