Enquête

Le Protocole de Kyoto est un premier pas pour sauver la terre Kyoto comme solution ?

Cent vingt-huit pays ont ratifié le Protocole de Kyoto qui a pris effet le seize février passé. Le principal but de cette initiative consiste à réduire les émissions de gaz à effet de serre des pays industriels de 5,2 % d’ici à 2012.  En Suisse, on prévoit de taxer les émissions de CO2 pour atteindre cet objectif. Ceci sera-t-il suffisant ?
Sandro dos Santos

Pour trouver des solutions, l’ONU a organisé en 1992 une Convention des Nations Unies sur les changements climatiques. En 1997, cent quarante et un pays ont signé un protocole à Kyoto pour essayer de sauver l’atmosphère dans laquelle on vit et celle qu’on laissera aux générations futures. Tous ces pays sont d’accord pour réduire le CO2 qui réchauffe la terre, endommage la couche d’ozone et modifie l’air que nous inhalons chaque jour.
Malheureusement, les Etats-Unis qui consomment plus de 25 % de l’énergie mondiale, ne sont pas de la partie. George W. Bush ne fera rien qui puisse porter préjudice à l’économie américaine. En 2001, il a enlevé la signature américaine du traité de Kyoto. Son pays a produit 19,8 tonnes de CO2 par habitant en 2002, trois fois plus que la Suisse. Celle-ci s’est engagée avec l’Europe à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 8% jusqu’en 2012, une réduction par rapport aux taux de l’année 1990.

La Suisse veut aller plus loin que Kyoto

Il ya plus de cinq ans, la Confédérationa adopté un plan d’attaque constitué de quatre variantes pour lutter efficacement contre le réchauffement climatique. Les deux premières variantes provoqueraient une hausse importante des impôts sur les combustibles, comme par exemple les huiles de chauffage, et sur les carburants. Dans les deux autres variantes, on a pensé à l’introduction du centime climatique. Cet impôt serait payé par les importateurs de produits pétroliers. Mais, il est clair que cette hausse se répercutera sur les prix à la pompe. En fin de compte, toutes ces mesures sont à la charge des consommateurs. La Suisse espère ainsi diminuer les émissions de CO2 de 15% pour les combustibles et de 8% pour les carburants dans les huit prochaines années. Les autorités sont aussi prêtes à appuyer le remplacement progressif du mazout par le gaz naturel. Les entreprises qui font des efforts pourront voir leurs impôts diminués. L’Aenec (Agence de l’énergie pour l’économie) est composée de 600 entreprises qui mobilisent leur force et leur savoir-faire pour promouvoir les économies d’énergie. Tout le monde commence à comprendre qu’il faut agir le plus vite possible pour sauver ce qui peut l’être encore.

Car, entre-temps, les glaciers alpins fondent à vue d’œil. La surface de ces glaciers a diminué de 20% entre 1985 et 2000.

Durant cette période, elle a fondue sept fois plus vite qu’entre 1850 et 1973. Les spécialistes sont inquiets et certains d’entre eux sont très sceptiques quant à la réussite des objectifs de Kyoto. Leurs prévisions quant à la diminution du volume de CO2 dans l’air sont beaucoup moins optimistes que celles avancées par l’État. Certains calculs ne prévoient qu’une réduction de 1 à 3% des gaz à effet de serre pour la prochaine décennie, ceci en s’appuyant sur des variables telles que l’explosion démographique, l’augmentation du parc automobile et l’industrialisation progressive des pays en voie de développement. Selon l’EPFZ (École polytechnique fédérale de Zurich) et MétéoSuisse, dans septante ans, la Suisse et l’Europe connaîtront un climat « semi-aride » où des étés caniculaires comme celui de 2003 seront la règle, et non plus l’exception. En suivant la cadence actuelle, la concentration des gaz à effet de serre doublera jusqu’au prochain siècle. Il est difficile d’en imaginer les conséquences exactes.

Énergies alternatives face au lobby économique

Pour éviter cette catastrophe, il faut changer la politique énergétique. Le gaz naturel peut remplacer le mazout. L’industrie automobile possède les moyens de concevoir un moteur qui pollue moins, car c’est bien le trafic routier qui réchauffe le plus notre atmosphère. Mais tant que le lobby pétrolier domine, il sera difficile de donner une chance à un moyen de locomotion plus propre.

Le Protocole de Kyoto n’a presque aucune force contraignante. C’est une feuille de route que l’on peut respecter, mais c’est à chaque pays de contrôler la mise en application des mesures. Les grands groupes industriels continuent à déterminer les règles du jeu en ignorant les cris d’alarme que l’on pousse depuis de nombreuses années. Vont-ils lâcher la pression et comprendre que l’humanité doit se sauver d’un cataclysme naturel? Est-ce que le Protocole de Kyoto est le premier pas vers un monde meilleur et plus sain? Et enfin, quel environnement allons-nous laisser à nos enfants et à nos petits-enfants?

Ce sont de nombreuses questions auxquelles il est difficile de répondre aujourd’hui. La prise de conscience de ces problèmes a évolué ces dernières années. Si l’homme a trouvé la manière de détruire la nature, il peut aussi concentrer son énergie pour la sauver. Qui vivra, verra !

SdS

 

Portraît

Lucia Bonadei s’impose dans le domaine de l’industrie mécanique

Le monde de l’industrie mécanique intéresse aussi les femmes. Lucia Bonadei, mère de famille de trois enfants, dirige avec passion et dynamisme depuis 1997, l’UMC SA à la Neuveville, spécialisée dans la sous-traitance médicale.

Viviana von Allmen

«Je suis une autodidacte qui a toujours envie de se dépasser» confie Lucia Bonadei. Ce bout de femme énergique est à la tête de l’entreprise neuvevilloise UMC SA. Pourtant rien ne prédisposait cette mère de famille de trois enfants à intégrer le cercle restreint des 20% des femmes industrielles de notre pays. Ancienne employée de commerce, Lucia Bonadei s’est lancée corps et âme dans sa nouvelle fonction avec son instinct pour meilleur allié. Elle ajoute: «Aujourd’hui je suis une entrepreneur volontaire».

«Elles possèdent un don inné pour la dextérité manuelle»

En 1997, Lucia Bonadei reprend l’ancienne usine de mécanique, modernise les équipements, se consacre à la production de paniers métalliques pour le lavage et la stérilisation des instruments médicaux et développe la sous-traitance dans le secteur médical. En avril 2002, l’UMC SA s’installe dans un bâtiment flambant neuf à l’entrée de la Neuveville. «J’ai choisi cette localité pour être plus près de nos clients et parce que la Promotion de la commune y a favorisé notre implantation», explique la jeune femme.

L’originalité de l’UMC SA n’est pas seulement d’être dirigé par une femme, 60% de son personnel est féminin. «Elles sont plus soigneuses, rapides, moins souvent malades et possèdent un don inné pour la dextérité manuelle», raconte la directrice qui se passionne pour le travail de la transformation de la matière de base. Jour après jour, elle doit se familiariser avec les nouvelles techniques d’usinage. Il est important d’être flexible et dynamique pour rester dans la course. «J’ai ma recette: de la volonté, un peu d’inconscience, des envies, une passion démesurée, mélanger le tout énergiquement et le boire sans modération tôt le matin.»

«Je compte partager les commandes de l’entreprise avec mes enfants»

Etre une femme dans un domaine d’activité réservée aux hommes ne va pas toujours de soi. Quelques années auparavant, les femmes à la tête d’une entreprise faisaient plutôt sourire leurs homologues masculins. Mais les mœurs ont changé. «De nos jours, les hommes apprécient les femmes cheffes d’entreprise à leur juste valeur», souligne Lucia Bonadei. Elle reconnaît que de temps en temps lorsqu’elle doit faire face à des difficultés, elle trouve des alliées auprès d’autres collègues femmes. «Je fais partie de plusieurs associations réunissant des femmes de carrière. Nous nous comprenons, nous nous soutenons et nous partageons les moments difficiles. «Une dirigeante a le don de l’organisation et un sens pratique, elle sait concilier sévérité tout en faisant preuve de psychologie», dit Lucia Bonadei.

A 39 ans, elle incarne l’exemple vivant d’une femme capable de concilier son rôle de mère et d’entrepreneur. «Même s’il n’est pas toujours facile d’assumer les responsabilités de dirigeante d’entreprise, dans le peu de temps que je consacre à mes enfants, je privilégie la qualité.» Elle suit de près la scolarité de ses enfants et aimerait un jour qu’ils reprennent le flambeau à la tête de l’usine mécanique. «Je compte partager dans le futur les commandes de l’entreprise avec mes enfants dans l’esprit des PME familiales qui ont fait la gloire de notre industrie suisse».

Je savoure les fruits de mes efforts

Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées dans votre parcours professionnel depuis que vous êtes à la tête de l’UMC SA?
Le problème le plus important s’est présenté dans le domaine de la technique. J’ai dû tout apprendre de A à Z avec de nombreuses difficultés. Toutes les informations m’ont été transmises en doses homéopathiques par des hommes.

Peu de femmes sont des dirigeantes d’entreprise pour des raisons familiales. Or, pourquoi ce problème ne s’est-il pas posé en ce qui vous concerne ?
J’étais bien obligée de subvenir aux besoins matériels de ma famille, vue que je suis dans une situation monoparentale. Aujourd’hui, mes enfants et moi-même pouvons savourer les fruits des grands efforts que j’ai dû fournir au début.

Pensez-vous à ce sujet, qu’il faut prendre des mesures en faveur des femmes au niveau politique suisse ?
Oui. Il faudrait placer davantage de femmes dans des postes où elles doivent prendre des décisions en toute connaissance de cause. Il serait souhaitable également d’éradiquer l’idée que la famille se situe uniquement dans un domaine privé. Elle touche aussi le domaine professionnel.

Finalement, est-ce qu’il est facile d’être cheffe d’entreprise ?
Ce n’est pas facile ! Il faut avoir assez d’imagination pour remplir les carnets de commandes dans des nouveaux marchés, en sachant que l’on est responsable des salaires de 20 familles.

V.vA