Eclairage

Curling

Si je vous dis de conjuguer hiver et sport, vous pensez bien sûr … au ski ou au hockey sur glace.

Et bien détrompez-vous, car aujourd’hui, j’ai testé pour vous le curling. Oui vous avez bien lu, le curling, ce jeu mélangeant la pétanque et les fléchettes, le tout sur de la glace.
Facile me direz-vous, il suffit de placer sa pierre dans la cible. Pourtant, tout n’est pas aussi évident. D’abord, il faut apprendre à glisser. En effet, avec une patinette sous la chaussure gauche il est plus aisé de se ramasser une gamelle que de se déplacer ! Car le curling est un sport d’équipe et avant de pouvoir lancer une pierre, il faut savoir frotter. Muni d’un balai pour permettre à la pierre d’accélérer en faisant chauffer la glace ou au contraire de la laisser curler (effet donné à la pierre, comme une vissée au tennis). Il faut donc coordonner sa poussée afin de suivre la pierre au plus près et un balayage énergique à vous en donner des crampes dans les avant-bras, tout en évitant de tomber. Enfin, il vous sera permis de tirer les pierres pesant au moins 17 kilos. Et là encore, tout n’est pas simple, sur une piste longue de 45 mètres environ, peu nombreux sont ceux qui réussiront à faire s’arrêter leur pierre dans la cible dès leurs premiers essais. Moins nombreux encore seront ceux qui apprivoiseront les effets qu’on peut leur donner. En effet, la piste, arrosée de fines gouttelettes formant de petits cristaux de glace permet de faire curler la pierre, lui donnant une trajectoire courbée en fin de course.
Bref, ne vous attendez pas à jouer une partie serrée comme on peut voir quelques fois la skip Myriam Ott en jouer à la télévision. La plupart de vos jets finiront malheureusement dans les décors.
Néanmoins, après quelques heures d’initiation, il sera possible de tenter une partie. Pour cela, formez deux équipes (en général bleu et rouge) de quatre qui joueront deux pierres chacun (8 par équipe au total !). Les pierres sont lancées à tour de rôle par les équipes et les plus près du rond central au terme de la manche rapportent  des points (même principe que la pétanque). Dix manches (ends) sont jouées en 73 minutes, si ce temps est dépassé par une équipe, elle perdra par forfait. Les points cumulés sont comptés à la fin de ces dix ends.

Malgré une certaine complexité, ce sport reste néanmoins très intéressants, également de par son étique. Les deux équipes s’affrontant à tour de rôle, par jet de pierre interposé, éprouvent un grand respect l’une vis-à-vis de l’autre. Dans ce sport, le fair-play et la morale sont de rigueur. Un exemple qui ferait bien d’être suivi dans d’autres domaines !
Plus d’infos sur www.curling.ch.
Sébastien Goetschmann

Théâtre

La solitude et la mer

Viviana von Allmen
Seul sur un rocher surplombant la mer, un homme pense à sa vie et au monde. Quand tout à coup, il est dérangé par un médecin de sa connaissance, un véritable casse-pieds. Celui-ci, en vacances, vient peindre la mer si belle à cet endroit, et éventuellement, pêcher quelques poissons…
Au long de leur promenade spirituelle, tous deux seront entraînés par une petite musique, celle du flux et du reflux à peine perceptible du bord de mer, alors que le vertige métaphysique les incitera à édifier des réflexions transcendantales réfutables à l’instant par le partenaire tentant de rationaliser l’effroi du vide abyssal imputable à l’idée fixe, si toutefois celle-ci devait exister.
Un superbe décor qui se veut réaliste et est très convaincant. Ces falaises  méditerranéennes vont encadrer leur pérégrination conceptuelle projetant métaphoriquement nos deux hommes à la mer.
Les dialogues sont, certes, bien écrits, très bien documentés mais parfois, voire même souvent, un peu trop lourds et trop longs : il n’est pas rare, au détour d’un monologue de ne plus saisir les tenants et les aboutissants des idées exposées.
Si la longueur des tirades peut, être difficile à apprécier il va de même pour le style et le vocabulaire utilisé : à croire que Paul Valery choisissait expressément les mots les plus compliqués disponibles pour illustrer ses idées. De plus, le style littéraire reflète celui en vogue à l’époque de l’écriture du livre.
Nonobstant le style quelque peu suranné de l’écriture, les thèmes évoqués sont toujours autant d’actualité : les réflexions sur l’occupation de l’esprit, sur la notion d’”idée fixe” justement, sur le temps qui passe trop ou pas assez vite, sur tout ce qui peut traverser la tête de tout à chacun… ce qui rend la pièce toujours aussi “accessible” aux idées développées.
Pierre Arditi et Bernard Murat sont très bons sur scène, réussissant à parfaitement donner vie à ce philosophe perdu dans ses propres idées et obsessions et au médecin pragmatique et cartésien.
Arditi d’ailleurs nous montre l’étendue de son talent.  Son jeu de scène se déploie, son corps s’exprime. Il parle, cause, argumente, invective, théorise, s’énerve, se résigne, s’émeut… dans une palette de jeu et d’émotions aussi grande que la profusion de mots. Murat lui répond, personnage débonnaire et rondouillard, plein de bon sens et d’une sagesse pragmatique. Leur dialogue vire souvent au monologue d’Arditi, mais il y a de la force et de la vivacité.
Entre eux, naîtra une belle fraternité, une tendresse sourde mais réelle et pleine d’humanité que pour conclure l’un exprime à l’autre:
« L’homme qui se réfugie dans la solitude est toujours en mauvaise compagnie « . et partent ensemble.
On rit beaucoup, à les voir se battre à coups d’idées, d’analyses, de théories, et puis soudain, l’émotion nous gagne tant ils sont humains.
Un texte magnifique, servi par deux acteurs superbes.