Édito

La beauté du football

Viviana von Allmen
La Suisse et L’Autriche se préparent à célébrer un «dieu païen» et universel, le football, vecteur d’émotion et de partage. Les deux nations organisatrices seront les centres d’attraction des fans du sport, pour la période du 7 au 29 juin.
De tous les sports pratiqués, le football demeure la discipline la plus populaire et la plus aimée. Historiquement et dès le début, le football européen était au rendez-vous des spectateurs qui ne manquaient aucune occasion. Les stades faisaient leur plein à chaque match. L’on avait envie de voir les athlètes joués. La passion pour un club était parfois indescriptible chez certains fans. La rivalité entre les clubs de football pouvait dégénérer en conflit.
Aujourd’hui le développement des médias qui a permis une large couverture des diffusions de tous les championnats européens a chamboulé les données des spectateurs
Tous les records d’audience seront battus. Que ce soit pour la durée, l’intensité, les classes d’âge, les races, les niveaux d’études ou de revenus, rien en matière d’audimat ne l’égale.
Aucune émotion n’est partagée au même moment par autant de femmes et d’hommes qu’un but manqué ou marqué dans une rencontre du championnat de football.
Comment expliquer le succès que rencontre le football ?
Parce que, c’est un jeu aux règles simples que chacun peut facilement comprendre, réserve faite du subtil hors-jeu. Mais encore, cette activité ludique qui relève d’une activité réflexe, quand un enfant voit une balle rouler vers lui sur le sol, la frappera avec son pied, il ne la saisira avec les mains que si la balle est trop grosse pour sa taille et donc jouer avec une balle est un comportement inné.
Parce que, c’est une activité où les acteurs sont égaux, il y a deux équipes de onze hommes chacune, qui s’efforcent de faire passer le ballon sous l’un des deux portiques appelés buts. Le footballeur n’utilise pas un moyen mécanique ou instrumental (raquette, ski, bicyclette ou autre) qui pourrait créer des inégalités.
Parce que, c’est une pratique collective qui fait naître un sentiment d’appartenance envers une équipe que les joueurs von défendre. Le meilleur joueur a besoin de ses partenaires, même du plus faible, et vice-versa. L’exploit individuel existe en football, comme dans la vie, mais ce n’est qu’un jalon dans une séquence collective.
Parce que dans le football il n’y a pas de frontière, ni de racisme, et parfois il est un facteur d’ascension sociale pour les individus.
Alors pendant cet « Euro 2008 n’oublions pas toutes les vertus de ce sport et faisons de notre mieux pour que cet événement ne soit pas taché par des incivilités propres, des frustrations individuelles qui pourront être mises sur le compte du football.

Cinéma

L’Au-Delà sur Grand Ecran

Les sociétés modernes laissent de moins en moins de place aux questions existentielles des hommes. Seuls artistes et philosophes prennent encore le temps de s’interroger et de réfléchir aux grandes valeurs de la vie. L’une des expressions de ces préoccupations est le cinéma, un moyen de communication des plus répandus car il touche une large partie de la population, indépendamment du milieu social ou culturel. De plus, un film est un produit fini, prêt à la consommation et ne demande aucun effort de création de la part du spectateur. Dans l’éventail des préoccupations existentielles de l’homme présentées par le cinéma, la question de la mort et de ce qui lui succède dispose d’une place importante. Car il s’agit là de l’élément fondamental de toute culture, comme l’exprime Edgar Morin dans son ouvrage “ l’Homme et la mort “. Le souci des morts, marqué par l’apparition de sépultures, est, en effet, selon lui, la véritable preuve du passage de l’état d’animal à celui d’homme. La science s’emploie de plus en plus à nier la mort, que ce soit par la médecine et l’hyperasceptisation de notre environnement ou par la chirurgie esthétique qui retarde les effets du vieillissement. Ce fait implique une déresponsabilisation de l’homme face à sa propre évolution et une occultation du problème de la réalité de la mort.
La force du cinéma dit « paranormal » (qui traite de la mort et de ce qui lui succède) est qu’il propose une illustration des questions existentielles que se pose tout homme et qu’il y apporte des suggestions de réponses, tout en restant dans le domaine fictif. Cela permet au spectateur d’extérioriser ses angoisses ou ses fantasmes en s’identifiant aux personnages présentés, il les vit donc par procuration, ce qui lui garantit une sécurité totale. Le cinéma est donc le moyen de se rassurer. L’homme aime se faire peur au cinéma car d’une certaine manière il se sent protégé. En effet, tout en étant plongé dans le film, il sait pertinemment que ce n’est pas la réalité. Ainsi le 7ème art serait le seul moyen pour l’homme de vivre ses peurs sans prendre de risques et de les extérioriser. En en faisant l’expérience par procuration, il se libérera d’affects longtemps refoulés dans le subconscient. Ce processus correspond au phénomène de catharsis.
Dans la société actuelle, où la rationalité est de mise, le besoin de transcendance de l’homme est repoussé loin des préoccupations publiques de la communauté et ne peut plus s’épanouir que dans la sphère privée. Cet état de fait à donné naissance à ce qu’Etienne Barilier nomme “le nouvel obscurantisme“ dans son livre “Contre le nouvel obscurantisme“. C’est d’ailleurs de ce mouvement que découlent les sectes modernes, comme le Mouvement Raëlien ou les Enfants de Satan, qui répondent au besoin mystique de l’individu qui ne trouve plus de quoi se satisfaire ni dans la vie communautaire publique, ni en lui-même.  Ainsi, jusque dans le désir légitime de se relier au mystique que nous partageons tous, nous sommes destinés à l’individualisation radicale et voués ainsi à une éternelle solitude.
Zoé Decker