Analyse

Le Quatrième Pouvoir

Dominique Wolton a écrit : “Le pouvoir des journalistes s’accroît au même rythme que la puissance des médias pour lesquels ils travaillent. La légitimité sociale des journalistes repose sur leur capacité à assumer pleinement la liberté responsable de la presse. Ceux qui prétendent servir l’intérêt public ne peuvent pas faire fi des piliers normatifs du journalisme que sont la vérité, la rigueur et l’exactitude, l’intégrité, l’équité et l’imputabilité. (…)“

Néanmoins, au XXIe siècle, il devient parfois difficile de lutter contre la pression économique qui traverse ce métier. Et bien souvent le profit passe avant l’éthique. Divers exemples nous montrent l’influence qu’exerce la société de consommation sur les médias. Nous pourrions citer en exemple la confusion largement répandue entre le journaliste et le présentateur télévisé car la personnification de l’information est un facteur commercial. Ajoutons à ceci la contrainte liée à la durée fixe d’un journal télévisé. Comment un journal peut-il être de la même durée tous les jours sinon en jouant sur le caractère élastique d’une information malléable? Enfin, d’autres journaux, à la recherche du « scoop », n’hésitent pas à bafouer les règles de la vie privée. Les paparazzis traquent les personnes célèbres jusque dans leur intimité. Tous les jours, l’impartialité du journalisme est remise en cause.

Il est certain que les médias ont, dans notre société, un rôle prépondérant. Alexis de Tocqueville, dans son ouvrage De la démocratie en Amérique (1833), parle même de quatrième pouvoir. Leur impact est indéniable et l’environnement dans lequel nous vivons est imprégné de stratégies de communication. Ainsi, le journalisme, devenu central dans nos sociétés, est un métier sur lequel pèsent de nombreuses exigences morales (véracité de l’information, impartialité, distance critique, absence de collusions…), mais qui a toujours affiché la volonté de s’autoréguler, la volonté de ne laisser aucune instance extérieure (public, justice)    s’impliquer dans les questions de déontologie professionnelle. Albert Du Roy a prononcé une phrase qui s’inscrit parfaitement dans cet axe de pensée et que nombreux journalistes partagent : «s’il faut un contre-pouvoir au pouvoir de l’information, c’est en son sein qu’il doit s’exercer».

Cette puissance médiatique devrait alors s’accompagner d’une déontologie, d’un ensemble de principes auxquels seraient soumis tous les journalistes.

“ (…) Si la déontologie prescrit des devoirs professionnels qui font l’objet d’un consensus pour un grand nombre de situations, l’éthique favorise une réflexion critique pour faire face aux circonstances exceptionnelles. Il arrive même que l’éthique justifie de déroger à la déontologie quand l’application aveugle de cette dernière conduit à des décisions aberrantes. La société de l’information a déjà son lot de propagande, de promotion et de désinformation. L’éthique et la déontologie peuvent protéger les journalistes pour éviter qu’ils succombent à leur tour.“
Zoé Decker

Édito

Oisiveté, la bonne période

Viviana von Allmen
Oui, la période d’été, pour certains qui rime avec vacances, incite à se réfugier dans l’oisiveté. Ce terme mal utilisé, se confond avec paresse, à cause sans doute de phrases comme « L’oisiveté est la mère de tous les vices ».
L’oisiveté est une idéologie de culpabilité . Il faut s’échapper de l’influence négative de cette pensée automatique, ne pas la confondre avec la paresse qui réfute toute idée d’effort.
Cette prétendue oisiveté, qui ne consiste pas à ne rien faire, mais à faire beaucoup de choses qui échappent aux dogmes de notre société est plus naturelle de ce que l’on croit.
L’état normal de tout être humain qui n’est pas confronté à des situations sociétales ou physiologiques qui lui pousse à travailler, est l’oisiveté.
Elle est une notion toute relative, c’est aussi l’état d’une personne qui n’exerce pas de profession et qui dispose de beaucoup de loisirs qui pourraient lui permettre de disposer de son temps . Elle n’empêche ni la culture, ni les appétits curieux de s’instruire. Prétendre qu’elle freine notre épanouissement culturel n’est pas tout à fait juste.
Alors il faudrait apprendre l’oisiveté!
Parfois, par petits moments, arrêter tout et accepter de ne rien faire, ce n’est pas facile! Et ce n’est pas une plaisanterie!! Rappelons nous que depuis le plus tendre âge il y avait quelqu’un qui disait : « Il y a toujours quelque chose à faire. »
Mais, dés que l’on s’arrête, le temps passe bien sûr beaucoup plus lentement…les idées viennent, les questions arrivent. Alors, sans vouloir jouer les « moines zen », je persiste en direction de l’oisiveté: ça s’apprend, et cela permet de regarder celles et ceux qui nous entourent, plus attentivement!
En ce moment de vacances (institution de notre civilisation) c’est le temps de la détente, celui que l’on peut occuper librement notamment pour développer l’idée d’oisiveté.
C’est le temps « vide » : ce qui nous ramène à l’étymologie du terme. Vacance : de vaquer, vient du latin « vacare » : « être vide », au sens matériel, mais aussi pour les humains « être oisif ».
Actuellement, on utilise plus guère le verbe que dans l’expression un peu désuète « vaquer à ses occupations », c’est-à-dire s’occuper librement de ses affaires, être disponible.
Soyons disponibles pour faire ce dont on a envie.