Commentaire

Obsolescence programmée, « The » phénomène de société qui met la puce à l’oreille

Vous en avez probablement entendu parler sans en connaître le nom. Les batteries irremplaçables, les programmes incompatibles de génération en génération, les réparations trop chères… autant de stratégies marketing qui poussent le consommateur à posséder toujours plus plus neuf. Les fabricants utilisent toutes sortes de « stratagèmes » pour arriver à leurs fins. Cela s’appelle l’obsolescence programmée. Cette pratique utilisée de différentes manières mais toujours dans un seul et  même but, l’intérêt économique, est courante dans notre société hyper-consommatrice où finalement, la qualité des produits restent relative. Certains en sont conscient quand d’autres, naïvement, accourent au magasin pour se procurer le tout nouveau téléphone portable. Une décision qui semble être prise par le consommateur uniquement. Pourtant, beaucoup de problèmes se posent et nous concernent tous.

 

Déjà dans les années 20, les producteurs y avaient recours…

Bien avant les téléphones portables, l’obsolescence programmée avait déjà pointé le bout de son nez. Beaucoup ont entendu parler d’une célèbre centenaire qui devrait avoir sa place dans le Livre des records. Il s’agit d’une ampoule entrée dans l’histoire pour sa durabilité, mais aussi comme étant « la première victime de l’obsolescence programmée ». Un constat souligné par l’émission « Prêt à jeter », diffusée sur Arte en janvier 2012. Dans les années 20, l’économie n’est plus viable et tous les moyens, éthiques ou non, sont bons pour s’en sortir. Les ampoules ne doivent durer que 1000 heures – à la place de 100 ans – et les consommateurs n’y voient que du feu. Puis c’est au tour des collants. Par la découverte du nylon, ils deviennent incassables, un coup (ou plutôt un coût) qui fait mal à l’industrie du textile. Les fabricants y remédient ainsi en réduisant petit à petit sa qualité pour relancer la consommation. Dans les années 50, une nouvelle méthode émerge : séduire pour vendre plus. Tous les ans, ils innovent, rendent plus beau et ça fait vendre. Et ainsi de suite jusqu’à…

Aujourd’hui, au 21ème siècle, elle est à l’affût

Davantage aujourd’hui, nous sommes continuellement poussés à la consommation. Cette société d’hyper-consommation ne peut qu’être soumise à l’obsolescence programmée. Et c’est à en devenir fou ! On a beau soigneusement utiliser un appareil et celui-ci devenant inutilisable et surtout, irréparable, on sera invité à acheter le tout nouveau modèle, vingt fois plus puissant, avec un super design et une durabilité garantie. Comme tout bon consommateur, on cède. Jusque là, presque rien d’alarmant et deux ans plus tard, rebelote. Coïncidence ou bidouillage ? La réponse à cette question reste incertaine car les entreprises se passent de commentaires à ce sujet. La FRC (Fédération Romande des Consommateurs) affirme tout de même : « l’obsolescence programmée existe sous différentes formes. Les produits sont conçus pour durer moins longtemps. Cependant on ne peut pas parler de complot général des producteurs ».

D’autres luttent concrètement contre ce phénomène dans son ensemble. La FRC notamment, est très préoccupée par l’obsolescence programmée particulièrement au niveau des produits dits irréparables. Aline Clerc, responsable Agriculture, Environnement et Energie à la FRC déclare : « La FRC mettra l’accent là-dessus en 2013. La culture de la réparation se perd, ainsi elle souhaite monter un réseau d’entreprises de réparation en Suisse Romande. Elle s’appuiera donc sur la conception des appareils afin qu’ils soient par la suite plus facilement réparable. »

L’avis plutôt tranché des consommateurs

Une petite recherche sur internet et la découverte de pages Facebook, forums et articles indique que l’obsolescence programmée devient un sujet dont de plus en plus de consommateurs débattent. Certains disent que cette théorie ne tient pas debout en général dont les économistes, tandis que la plupart des consommateurs, eux, sont outrés, mais pas étonnés. Les avis sont donc plutôt variés. Lionel Thévenaz, 20 ans, étudiant en économie à l’université de Saint-Gall nous donne son opinion : « Dans le monde actuel, les nouveautés ne sont pas encore sorties de leur carton qu’elles sont déjà dépassées. La durée de vie d’un produit n’a donc plus besoin d’être longue puisque les objets actuels ne sont plus ni réparés, ni adaptés mais simplement changés contre un nouveau ». L’effet de mode influence beaucoup les consommateurs qui finalement, selon Monsieur Thévanaz : «déclarent indirectement un objet obsolète avant même qu’il ne « meurt »».

Si les consommateurs avaient engendré ce processus?

Le clients s’indignent et pourtant ils se laissent toujours plus séduire par de nouveaux produits. N’ont-ils pas leur part de responsabilité alors ? L’étudiant en économie y répond : « Les gens veulent toujours avoir une longueur d’avance sur leurs voisins. Bien sûr, les entreprises ne leur offrent pas le choix, mais comme on dit, il n’y a pas de fumée sans feu, il n’y a pas d’offre sans demande ». Puis il soulève une vraie question : « À qui la faute ? ». Nous pourrions débattre longuement. Nous sommes saturés d’objets et ne savons pas comment s’en débarrasser. Cette habitude vis-à-vis de toutes sortes de produits, a-t-elle été inculquée par les fabricants ? « Qui était là en premier ? La poule ou l’œuf ?  Sacrée question à laquelle il n’y a, à mon avis, pas de réponse unique » conclue Lionel.

Que ce soit l’un ou l’autre, que l’on défende le consommateur ou le producteur, ce phénomène reste alarmant dans une société où finalement technologie rime très rarement avec écologie. Les pays en voie de développement eux en tout cas, en font les frais. Et si l’écologie était le véritable problème de l’obsolescence programmée.

N.B.


Actualité

L’avenir des médias… le journal est-il amené à disparaître ?

Que ce soit le matin en voyageant en transports publiques, au petit café du coin ou de retour chez soi après une longue journée, nous adorons la feuilleter. De la page people à l’internationale en passant par les petits mots croisés et BD comiques. Cependant, depuis quelques années, la presse d’information occupe de moins en moins de place dans la société indiquant une lassitude des individus à vouloir s’informer, considérant cela comme une perte de temps.

 

À ce sujet, Bernard Poulet, journaliste français et auteur d’un essai sur l’avenir de l’information, souligne que « l’intérêt de nos sociétés pour l’information s’érode irrésistiblement » et ceci induit conséquemment un « inévitable et lent effondrement de l’ensemble du marché des mass media », selon Joseph D. Lasica, président de Social Media Group. Même diagnostique du côté de Robert G. Picard et Michael Wolff, respectivement chercheur et journaliste américains qui constatent un déclin de la consommation de news, en passe de disparaître : la télévision et la radio par exemple connaissent une baisse d’audience dans plusieurs pays depuis les années 1980.

Pour reconquérir des lecteurs, beaucoup de médias écrits tentent d’inventer une autre manière de diffuser de l’information : en passant des accords avec de grands portails auxquels ils cèdent leurs articles d’information, en publiant seulement quelques jours par semaine ou en ayant un deuxième support de diffusion via internet. Nous espérons que les « vieux » médias pourront connaître une deuxième jeunesse en bénéficiant de la numérisation, mais la presse connaît toutefois des difficultés à se réinventer en ligne.

L’époque du « pouvoir des médias » se termine. Les rapports entre médias et société n’ont cessé de se modifier mais aujourd’hui le modèle des médias écrits est bouleversé par les nombreuses innovations technologiques et anthropologiques qui influencent leur rôle et leur place dans la société, sans oublier que l’industrialisation et la financiarisation pèsent sur son avenir.

Ainsi les journaux gratuits, grand succès depuis les années 2000, sont toutefois menacés par la baisse tendancielle des tarifs publicitaires. En effet, selon une enquête menée entre septembre 2009 et septembre 2010 par l’entreprise REMP (Recherches et Etudes des Médias Publicitaires), le «20 Minutes», quotidien gratuit le plus lu de Suisse romande enregistre la plus forte baisse avec 23’000 lecteurs en moins. Ceci s’expliquerait par la diminution du nombre de ses tirages. Cependant, même constat auprès des autres quotidiens suisses : seuls quelques-uns comme le « Matin » et « Le Nouvelliste » ne connaissent pas une grande baisse de lecteurs !

Mais grâce à sa gratuité, le « 20 Minutes » possède un grand atout auprès des lecteurs et sa disponibilité quotidienne dans les lieux stratégiques lui permet une grande distribution. Chaque matin après 8h, il est déjà difficile de s’en procurer un !

Même auprès des jeunes, moins habitués à la lecture en général, on le retrouve pourtant facilement ! Cependant, une étude de l’université d’Harvard conclut que 60% des adolescents ne prêtent aucune attention aux actualités quotidiennes, une « désaffection du jeune public pour l’écrit, culture du tout-gratuit» selon Bernard Poulet. Accros aux Smartphones et tablettes tactiles, les jeunes passent leur temps sur Internet et sur leurs téléphones mais les applications telles « Le Matin » et le « 20 Minutes » ne sont pas les plus consultées.

Le lectorat des journaux vieillit : l’âge moyen des utilisateurs des sites des journaux online est passé de 37 à 42 ans entre 2000 et 2005 et les personnes du troisième âge considère le journal comme un compagnon journalier dont elles ne pourraient se priver. Ainsi va la vie, c’est une génération qui s’éteint pendant qu’une autre s’exprime à son tour. Nous sommes donc inévitablement induits à se demander quelle est la place du journal dans la société d’aujourd’hui chez ceux qui vivent pour demain.

Il existera toujours des divergences d’opinion, les amoureux de lecture ou d’écriture face aux inconditionnels de la technologie future. Nous ne pouvons contenter tout le monde mais dans la mesure où une coexistence parallèle entre l’ensemble de ces diffuseurs d’information est possible, nous pourrions tous y trouver notre compte. En outre, sachant que les besoins de l’homme font la demande et que ceux-ci évoluent, comment prédire catégoriquement l’avenir et conclure hâtivement que le journal est destiné seulement aux générations précédentes, qui se sont « construites et identifiées dans leur rapport à l’information » ?

MAD.I



 

3 Questions au rédacteur en chef de “20 Minutes”, Monsieur Philippe Favre :

Larticle.ch : Selon vous, le journal est-il voué à disparaître définitivement, dans un avenir proche ou plus éloigné ?

Philippe Favre : La disparition du papier est une rengaine que l’on ressort à chaque avancée technologique. C’était le cas avec l’apparition de la radio, puis de la télévision, et aujourd’hui avec les tablettes numériques. Ce scénario catastrophe ne s’est jamais produit.

Le lectorat du « 20 Minutes » a progressé malgré le succès spectaculaire de son site internet. Par ailleurs, les neuf dixièmes de notre chiffre d’affaires est constitué par la publicité dans la version print. Si des journaux doivent disparaître ces prochaines années, ce sera davantage lié à la crise économique qu’à l’émergence de nouveaux médias électroniques. »

L.ch : D’après les statistiques publiées sur votre page internet officielle datant de mars 2011, on s’aperçoit que la plupart des journaux ont connu une perte de lecteurs. Pour le « 20 minutes », ceci s’explique par la diminution du nombre de tirages, mais selon vous quelles sont les raisons principales qui expliqueraient cette perte chez les autres journaux ?

Ph.F.: Contrairement à ce que vous affirmez, nous avons reconquis des lecteurs ces derniers mois, malgré la baisse de tirage dictée par des motifs économiques et écologiques (voir la MACH basic 2012-2). Le quotidien  « 24 heures » se porte également bien, tout comme « La Liberté » de Fribourg. Le déclin de la lecture est donc très relatif. Néanmoins, la tendance d’une baisse d’audience des médias payants ne peut pas être occultée.

Le consommateur, habitué à accéder librement à des contenus éditoriaux, que ce soit au travers de la presse gratuite ou d’internet, n’est plus enclin à payer l’information. Les éditeurs doivent donc trouver d’autres sources de financement, d’où leurs efforts sur le web – pas encore couronnés de succès…

L.ch : Pensez-vous, sans référence directe à l’omniprésence des autres médias, que la possibilité que le journal disparaisse serait une conséquence de lassitude chez l’homme, sachant que ses besoins font la demande et que ceux-ci évoluent ?

Ph.F.: Si l’homme est un animal social, il aura toujours la nécessité d’un lien avec sa communauté. Les journaux alimentent  cette attente (tout comme les médias sociaux). La curiosité humaine est inépuisable. La soif de savoir est à mes yeux un besoin élémentaire. Elle se nourrit des nouvelles du monde véhiculées par les canaux, considérés malgré toutes les critiques comme crédibles, que sont les journaux.

Propos recueillis par Marie Baldi

Pour plus d’informations, veuillez vous référez aux ouvrages suivants :

– Bernard Poulet : « La fin des journaux et l’avenir de l’information »

– Dominique Wolton : « Il faut sauver la communication » et

– Michael Wolff : « Is This the End of News ?» (Vanity Fair, oct.2007)