Eclairage

Sommes-nous subordonnés ou soumis à notre employeur ?

La caractéristique du contrat de travail réside en un lien de subordination de l’employé envers l’employeur. Mais jusqu’où va notre subordination et notre devoir de diligence ? La limite peut être floue entre employé dévoué et travailleur harcelé…

Les premiers jours dans une entreprise sont bien souvent déterminants pour le reste de notre carrière dans celle-ci. C’est pourquoi les gens montrent toute leur énergie et leur dévouement en se perdant parfois corps et âme à leur travail, dans le but de faire bonne impression. Souvent, ce professionnalisme excessif diminue au fil du temps mais parfois certains sont contraints de maintenir un rythme effréné pour satisfaire les exigences de leur patron. Les situation où un employeur manipule son employé en utilisant ses faiblesses sont plus fréquentes qu’on l’imagine et souvent les employés se bornent à constater cela sans agir. Pourquoi ?  Les raisons sont diverses : besoin d’argent pour élever une famille, intimidation, reproches répétés, menaces de licenciement, etc. Mais souvent entrer dans une procédure peut être effrayant et surtout face à des employeurs qui savent agir dans les limites de la légalité pour ne jamais être incriminés.

 

En droit suisse, on connaît deux formes de harcèlement : le harcèlement sexuel et le harcèlement psychologique appelé aussi mobbing. Ce dernier peut encore être vertical ou horizontal en fonction du lien hiérarchique entre les parties. Pourtant, le droit privé n’est pas étoffé sur le sujet puisqu’il inclut dans le devoir général de l’employeur de protéger ses employés de l’article 328al.1 CO qui reprend les articles 27-28 CC sur la protection de la personnalité. Cependant, le mobbing existe bel et bien. D’ailleurs, une affaire pendante a récemment fait parler d’elle dans les journaux. Les gardiens d’une prison genevoise ont déclaré être harcelés par le sous-directeur de l’établissement.

 

Mais les personnes mobbées sont souvent bien plus discrètes que cela et les collègues peuvent préférer rester passifs par peur d’être victime à leur tour. Le mobbing peut commencer sans même que la personne ne s’en rende compte car elle va s’adapter aux nouvelles exigences et passer par-dessus les propos déplacés. Mais la situation peut vite se dégrader et la politique interne de l’entreprise peut décourager certains de s’adresser à leurs supérieurs. Or, selon les organismes en la matière, la prévention et le dialogues sont les meilleurs moyens pour éviter les poursuites et surtout les conséquences lourdes sur l’état psychologique du travailleur. Le tribunal fédéral (TF) a d’ailleurs obligé les employés dans un arrêt récent à mettre en place une procédure impartiale pour permettre aux travailleurs de se plaindre sans risque.

 

Le TF nuance tout de même en interprétant restrictivement cette notion peu précise afin d’éviter l’emploi abusif de cette procédure. D’ailleurs, le TF définit le mobbing comme étant des «  propos et agissements hostiles, répétés fréquemment pendant une période assez longue, exprimés ou manifestés par un ou plusieurs individus envers une tierce personne, que l’on cherche ainsi à isoler, à marginaliser, voire à exclure, sur son lieu de travail ». Le stress est la maladie du siècle comme certains le disent et la pression au travail fait partie de la vie économique actuelle. Par sa définition, le TF souhaite justement distinguer le mobbing des petits aléas des relations de travail. Il faut aussi savoir qu’une poursuite est laborieuse, onéreuse et n’apporte souvent pas le résultat escompté puisque prouver l’atteinte à la personnalité est une tâche difficile. De plus, le travailleur peut demander des dommages et intérêts mais les indemnités pour tort moral ne sont en général pas très élevées (entre 10’000 et 20’000CHF) car elles peuvent être réduites par des prédispositions constitutionnelles ou une faute concomitante du travailleur.

 

Même si parfois le monde du travail ressemble à une cour de récréation avec des personnes habillées en costard, il y a toujours des gens qui sont les souffres douleurs des autres. Mais heureusement il existe des moyens à ne pas sous-estimer pour protéger leurs droits. Il peut donc paraître aux premiers abords difficile et vain d’agir mais il existe des aides comme les sites www.mobbing-zentrale.ch, www.gbnews.ch et les offices cantonaux de l’emploi sans oublier les différents syndicats.

CMAIL

 

Actualité

Armes à feu aux Etats-Unis

Après la tuerie de Newtown dans le Connecticut, la question du contrôle des armes à feu est à nouveau revenue aux devants de la scène américaine ; l’opinion publique est partagée, alors qu’au niveau politique, la pression du lobby des armes semble réussir à maintenir le statu quo…  Retour sur la question des armes en Amérique.

Le droit de posséder et de porter une arme à feu est établi par le Deuxième amendement de la Constitution des États-Unis, mais fait l’objet de variante selon les États ; À Washington (ville), moins de 1% de la population détient une arme, alors que dans le Kentucky, ce chiffre atteint plus de 140%. Dans l’ensemble, la législation est extrêmement permissive, et il aura fallu attendre 1993 pour voir naître la Loi Brady, qui limitera la détention d’armes par un contrôle des antécédents judiciaires et psychiatriques des personnes.

En fait, le problème principal se situe surtout au niveau de la commercialisation. La politique économique des États-Unis est extrêmement libérale, ainsi la vente d’armes n’est pas gérée par le gouvernement et il est très facile de s’en procurer une. Toutefois, en termes de simple possession par habitant, d’autres pays, comme la Finlande ou la Suisse, talonnent les États-Unis, puisque la moitié de leur population détient une arme à feu.

Ainsi, il semble qu’il n’y ait pas de « véritable » raison de condamner les États-Unis, alors pourquoi fait-elle l’objet de tant de critiques? Il faut d’abord reconnaître l’avènement de diverses tragédies liées aux armes comme les tueries du lycée de Columbine (1999) ou de l’université Virginia Tech (2007) dont l’horreur bouscule le reste du monde. Mais ces réalités surprennent surtout dans les réactions du gouvernement et du peuple américain à leur égard. Malgré la récente tuerie dans l’école de Newtown en décembre dernier (faisant 27 morts), les américains restent divisés sur le sujet ; les républicains pensent que les armes ne sont pas la source du problème, tandis que l’on constate que la NRA (Association dont le but est de promouvoir les armes à feu) continue à s’imposer en dépensant des dizaines de millions de dollars en politique. Celle-ci a d’ailleurs proposé de placer un policier devant chaque école, son vice-président, Wayne LaPierre, a avancé comme argument principal de son dernier discours que «La seule chose capable d’arrêter une mauvaise personne avec une arme, est une bonne personne avec une arme». Face à cette logique effrayante, les opposants, dont le président Obama, ont appelés  à voter l’interdiction des armes de gros calibre, comme les fusils d’assaut.

Finalement, la relation qu’entretiennent les États-Unis avec les armes est vraiment particulière ; il est difficile de juger un pays pris dans une histoire et une culture qui lui est propre : celle de la justice privée, des hors-la-loi, des chasseurs-de-primes, du Far West… Mais on ne peut rester indifférent face à ses contradictions comme celles qui entourent les notions de liberté et de sécurité. Dans le pays le plus individualiste du monde, où se manifestent les choses les plus singulières, on doit alors accepter de voir s’y produire le meilleur comme le pire…

JonS