La pertinence de l’origine d’un délinquant dans les journaux.

Les médias, tels que les journaux sont des sources d’information nécessaires dont nous ne pouvons nous passer. Ils nous informent sur des sujets qui nous touchent de près ou de loin et nous aident à comprendre le monde. Cependant, il arrive que la façon dont ils relatent une information nous fasse douter sur leur objectivité.

L’un des éléments qui met en doute leur objectivité auprès du publique est la révélation du pays d’origine d’un délinquant présumé alors que cela n’est point pertinent au vu des faits en question. Bien que les journalistes soient sensés révéler toutes les informations au public afin que ce dernier puisse se faire sa propre opinion, souvent, la révélation de l’origine du délinquant présumé ne sert uniquement qu’à stigmatiser une communauté à laquelle appartient l’individu arrêté.

Les journaux qui pratiquent ce genre de journalisme sont, pour la plupart, des journaux à sensation. En faisant cela, ils essaient de gagner le plus de lecteurs possibles tout en animant malheureusement la peur de l’étranger et en confortant un certain nombre de personnes sur leurs préjugés envers des groupes d’individus. En suisse, le journal incontesté en la matière n’est autre que le journal gratuit 20 minutes. Les autres journaux plus sérieux comme le Temps ou le 24heures semblent, eux, éviter ce genre de dérive.

Un exemple de fait divers relaté par la presse ces derniers jours et qui permet de mettre en lumière ce phénomène est le drame de Menznau. Nulle part, ce qui s’est déroulé dans cette tragédie, l’origine du forcené n’a semble-t-il joué aucun rôle dans la réalisation des événements. Mais, à la lecture d’un article sur le site internet du journal 20 minutes publié le 21 mars, nous remarquons tout de même la mention de son pays d’origine, non pas uniquement suisse comme celui qui est inscrit sur son passeport, mais aussi son pays d’origine avant sa naturalisation en 2001. De plus, en lisant cet article, une remise en question de sa naturalisation semble être faite par le journaliste. Par conséquent, nous voyons par-là que la révélation de l’origine Kosovare du criminel et le questionnement sur sa naturalisation par le journaliste de l’Agence Télégraphique Suisse (ATS) d’où provient le billet du site 20minutes.ch,  manifeste une certaine prise de position. Seul le journal 20 minutes a suivi l’ATS dans cette direction en publiant cet article alors que les autres journaux suisses ont préféré omettre de mentionner son pays d’origine avant sa naturalisation.

De ce fait, lorsque ce n’est point relevant, la révélation de l’origine étrangère d’un présumé délinquant, même naturalisé, peut malheureusement faire que l’on associe son délit à la communauté à laquelle il appartiendrait.

La journaliste Pauline Cancela, dans son article publié le 09 août 2012 pour Le Courrier intitulé « Délinquants naturalisés sous surveillance », avait recueilli plusieurs avis sur le sujet de la précision de l’origine d’un délinquant. Selon, la RTS la révélation de l’origine du présumé délinquant été jugeait « au cas par cas » alors que pour l’ATS la reproduction exacte des informations données par les autorités primait. Cependant, l’agence ajoutait qu’elle « ne souhaitait pas exacerber des réflexes discriminatoires ».

Ceci montre la difficulté à éliminer ce problème car de toute évidence des erreurs d’appréciation sont possibles puisque la pertinence d’une information comme l’origine est parfois difficile à déterminer. De plus, la volonté pour les journalistes de donner toutes les informations peut malheureusement entrer en conflit avec la volonté de rester objectif.

A.C

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