Vers la fin du sport ?

2068. Ces chiffres sonnent comme une annonce d’apocalypse. Les érudits incas avaient prédit 2012, nos savants occidentaux en sont à 56 années près. Chacune de ces années marque un tournant, l’une celle de l’humanité, l’autre celle du sport. Puisque notre extinction n’est plus qu’une question de mois voire de jours, quitte à s’intéresser à l’une d’elles, autant se pencher sur 2068.

Selon une étude menée par Geoffroy Berthelot de l’Institut de recherche biomédicale et d’épidémiologie du sport (IRMES) à Paris, l’homme aura atteint les limites physiologiques de son espèce dès la prochaine génération. Cette étude, menée sur 6 disciplines olympiques majeures (cyclisme, athlétisme, patinage de vitesse, haltérophilie, natation et lancer), montre que dès 2027, la moitié des records mondiaux ne sera dépassée que de 0.05% et qu’en 2068, 90% des records mondiaux seront atteints.

En clair, sur environ 3’600 records mondiaux détenus à ce jour, seuls 1’800 seront accessibles à une poignée d’athlètes qui devront se battre pour de précieux millièmes de seconde ou quelques malheureux millimètres et ce, dès 2027.

Malheureusement pour les amateurs de sport, l’une des disciplines phares qu’est le 100 mètres, risque de perdre de sa superbe. Avec les exploits atteints par Usain Bolt lors des Jeux de Londres, on voit mal comment la barre des 9’44 pourra être dépassée.

Cette année, aux JO de Londres, ce sont 10’565 athlètes qui ont concouru toutes compétitions confondues. Au premier coup d’œil sur le tableau ci-contre, on s’aperçoit tout de suite d’un net recul de 62% des records mondiaux, que ce soit en natation ou en athlétisme. En y ajoutant à cela l’haltérophilie et le cyclisme, on passe de 42 records mondiaux en 2008 à 16 en 2012.

Dans le rapport de l’IRMES on peut lire :  « Des données récentes montre un arrêt de la progression des dix meilleurs performeurs depuis 20 ans, pour le 100 mètres féminin en athlétisme et le saut en hauteur masculin. Ceci suggère que ces records ne pourront plus être égalés, d’autant plus si les instances de contrôle anti-dopage accroissent leurs actions et sanctions. »

Dans ce climat houleux, entaché par l’affaire Armstrong, la question du dopage et de la dépénalisation de celui-ci est sur toutes les lèvres. Pour G. Berthelot, la solution n’est pas forcément là: « « Si le dopage était légalisé ou mal contrôlé, la progression des records pourrait être partiellement altérée dans le futur. Le fait que certains athlètes soupçonnés ou ayant ultérieurement avoué s’être dopés détiennent certains des derniers records pourrait avoir exagéré notre modèle de prédiction. » Donc, si par le passé un athlète étant sous l’effet de produit dopant, a délogé un record mondial, ce dernier fausserait les calculs de IRMES et rapprocherait l’échéance du « seuil critique» normalement fixé à 2068.

Nous dirigeons-nous donc vers une baisse de l’engouement pour le sport ? Pour Geoffroy Berthelot et son équipe, c’est davantage l’organisation du monde du sport qui va changer, au détriment du sport en lui-même : « la diminution du nombre de record apparaît encore malgré l’amélioration des procédés de sélection et d’entraînement (temps alloué à l’entraînement, nouvelle technique de saut ou de départ de course, critères physiques de sélection des athlètes) ».

Cette notion de fatalité ne doit néanmoins pas freiner l’attractivité du sport pour le public: « les organisations sportives essayeront alors de créer de nouvelles épreuves, de favoriser les sports moins directement associés à la performance pure ou de promouvoir les bienfaits de l’activité physique sur la santé. » ajoute l’IRMES.

Au fil des ans et des exploits surmontés, l’Homme continue sa rapide ascension vers le plafond des records. Intrinsèquement, le sport ne sera que très peu touché par la limite physiologique humaine, ce sont davantage les enjeux de celui-ci qui poseront problème. L’Homme pourra-t-il concourir pour une simple victoire ? Le record n’est-t-il pas au final une manière de marquer d’une empreinte indélébile les mémoires sur des générations entières ? Ou est-ce simplement une sorte de cerise sur le gâteau qui vient quelque peu embellir une victoire ? Le temps nous le dira… Si toutefois nous survivons à 2012.

Rr.B.

Pour plus d’infos sur le sujet :

http://www.insep.fr/FR/activites/Recherchemedicales/irmes-presse/Documents/Berthelot%20VF.pdf

 

http://leplus.nouvelobs.com/contribution/606831-jo-londres-2012-peu-de-records-olympiques-battus-des-causes-economiques-et-politiques.html

 

http://sante.lefigaro.fr/actualite/2012/07/30/18710-fin-annoncee-records-sportifs

 

http://www.insep.fr/FR/activites/Recherchemedicales/Pages/IRMES-INSEP.aspx

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