Le premier album de Jack White détone!

Dès le premier morceau, le décor est planté : un rythme diablement efficace, le son vintage d’un piano Rhodes et un solo de guitare tranchant comme il en a le secret… Aucun doute possible, Jack White est de retour ! Et sous son propre nom cette fois, une première en presque 20 ans de carrière. Véritable icône du rock des années 2000, il a multiplié les projets et collaborations : Pionnier du renouveau du Rock Garage avec les White Stripes, fondateur du groupe The Raconteurs, batteur pour The Dead Weather, Jack White a aussi collaboré avec de nombreux artistes comme Alicia Keys ou Wanda Jackson et a même fondé sa propre maison de disque « Third Man Records ». Après avoir sorti onze albums en groupe et gagné six Grammy Awards avec The White Stripes, il était temps que le prodige du rock se consacre à un album solo. Et qu’on se le dise tout de suite, l’attente en valait la peine !

Une promotion originale et généreuse.

A l’image de son style musical, la promotion de son album a été à la fois vintage et moderne. La chanson « Freedom At 21 » a connu une promotion plus qu’étonnante. En effet, quelques exemplaires en Flexi Disc (dérivé du vinyle) ont été distribués… accrochés à des ballons gonflés d’hélium ! C’est aussi en format vinyle que l’album a été donné aux critiques et aux stations de radio, empêchant ainsi d’éventuelles fuites sur internet. Mais Jack White n’est pas fou, il a également su utiliser les nouveaux moyens de distribution. En effet, l’album était en écoute gratuite en streaming sur iTunes Store quelques jours avant sa sortie et puis un concert a été retransmis gratuitement et en direct sur Youtube le 27 avril. Il a aussi marqué les téléspectateurs lors de sa performance sur « Saturday Night Live » en ne jouant qu’avec des instrumentistes féminines lors de son premier passage et avec un groupe masculin lors de son deuxième. Il a d’ailleurs annoncé qu’il utiliserait ce concept d’alternance de groupes lors de ses futurs concerts !

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Blunderbuss, un album atemporel.

Authentique, personnel, subtil et fou à la fois, « Blunderbuss » ne pouvait qu’être présenté sous son propre nom. Exit l’agressivité de The Dead Weather ou les arrangements rudimentaires guitare-batterie des White Stripes, on découvre ici un Jack White plus posé et libre de toute contrainte musicale. La guitare électrique cède régulièrement la place au piano et côtoie de nombreux instruments peu communs dans le rock comme la contrebasse, le violon, la clarinette ou encore la mandoline. L’album semble atemporel, suspendu quelque-part entre les origines folk/blues et le rock alternatif des années 2000. Bien ancré dans la musique américaine, il est dans l’ensemble moins rock que ce à quoi il nous avait habitué avec ses groupes précédents. On remarque toutefois plus que jamais son formidable talent à combiner ses influences avec sa patte personnelle. Côté paroles, il réussit le pari de parler de déceptions amoureuses et d’amour non réciproque sans tomber dans le cliché. On y trouve des angles originaux et loin d’être mielleux !

L’album s’ouvre avec trois titres typiques du rock de Jack White. Efficacité et solos de guitare sont au rendez-vous, en témoigne le puissant « Sixteen Saltines », digne de la fougue des White Stripes ! Le contraste est évident avec les trois chansons suivantes, plus calmes et tout droit sorties du terroir américain. La guitare électrique y est délaissée au profit de sa cousine acoustique et d’excellentes parties de piano, notamment sur « Hypocritical Kiss ».

Vient ensuite « Weep Themselves To Sleep », dans laquelle le jeu de piano coloré se marie parfaitement avec la rythmique de la guitare électrique et le chant syncopé de Jack White. Le tout nous offre un crescendo splendide qui trouve son apogée dans un solo saccadé et crissant. Unique reprise de l’album, « I’m Shakin » fait revivre avec brio le rock’n’roll des années ’50 et fera danser même les plus renfrognés d’entre-nous !

Le piano très rythmé sur « Trash Tongue Talker », le psychédélique « On and On and On» ou encore l’enfantin « Poor Boy » viennent compléter un album qui impressionne par la variété et l’originalité de ses compositions. Jack White sait se déjouer des codes et il faudra certainement plus d’une écoute pour y déceler toutes les subtilités !

S.R.

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